Alors que Don Fabrizio rentre à peine de sa virée nocturne, qui l'a conduit dans les bras de Mariannina, et qu'assis dans le coupé aux cotés du Père Pirrone il médite sereinement, il se rappelle ces vers « Seigneur, donnez-moi la force et le courage - De regarder mon coeur et mon corps sans dégoût ». Si le vice et la répugnance, évoquée par Baudelaire dans son poème Un voyage à Cythère, semble être le principal éclairage de la personnalité du Prince, la citation traduit d'autres aspects à ne pas écarter. Nous y voyons un personnage partagé, entre sa concupiscence et ses scrupules, mais aussi solitaire, préférant s'adresser à Dieu plutôt qu'au prêtre assis prés de lui. Aussi les deux vers de cette « poésie farfelue » cités innocemment nous renseignent-ils sur les différentes facettes de la figure de Don Fabrizio, que nous étudierons ici (...)
[...] C'est pourquoi nous pouvons dire que le personnage de Don Fabrizio, dans ces deux vers jetés comme un lapsus, nous éclaire sur l'ensemble de sa personnalité au sein du roman. C'est un pécheur, un homme tiraillé, qui s'isole dans la tour d'ivoire de son esprit, préférant fuir le monde que côtoyer des gens tout autant méprisables que lui. Son seul avantage, qui se révèle aussi être un fardeau, est la lucidité avec laquelle il observe les choses, et qu'il comprend avec la même facilité que la trajectoire des astres. [...]
[...] L'au-delà n'est pas synonyme d'enfer ou de paradis chrétien, mais un moyen de rejoindre sa Vénus, sa créature désirée depuis toujours un moyen de toucher ses étoiles. En outre, il semble ne pas faire grand cas des valeurs familiales. Il n'a aucun remord à parler de son fils ainé Paolo avec une déception profonde, comme d'un idiot maigrelet n'ayant pas une once de la prestance de Tancredi. Concetta n'est pas épargnée, vouée à n'être qu'un boulet de plomb au pied de son mari (p.76) il lui refusera le mariage avec Tancredi qu'elle aime sincèrement, au profit d'Angelica. [...]
[...] La solitude Alors que Don Fabrizio rentre à peine de sa virée nocturne, qui l'a conduit dans les bras de Mariannina, et qu'assis dans le coupé aux cotés du Père Pirrone il médite sereinement, il se rappelle ces vers Seigneur, donnez-moi la force et le courage De regarder mon cœur et mon corps sans dégoût Si le vice et la répugnance, évoquée par Baudelaire dans son poème Un voyage à Cythère, semble être le principal éclairage de la personnalité du Prince, la citation traduit d'autres aspects à ne pas écarter. [...]
[...] S'il est le grand Guépard, et le personnage principal du livre de Lampedusa, Don Fabrizio n'en est pas moins un homme plein de vices, et qui en vient même à se dégouter. Cette citation s'inscrit parfaitement dans ce contexte, puisqu'elle apparaît dans le récit après que Don Fabrizio a rendu une visite nocturne à une prostituée, Mariannina, figure de maitresse dévouée et attentive, en opposition à Maria Stella sa femme. Le prince est un homme concupiscent, que le charme féminin ne laisse pas insensible, et nous le découvrirons encore à l'apparition d'Angelica dans le récit : En vieux cheval de bataille qu'il était, l'appel de la grâce féminine le trouva prêt (p.83). [...]
[...] En effet, Don Fabrizio est peut-être un personnage lucide, mais essentiellement contemplatif, enfermé constamment dans la solitude de ses méditations. Le Prince, dans le roman entier, ne cesse pas de poser un regard critique et terriblement lucide sur toutes les choses qui l'entourent. Ce besoin profond s'illustre dans sa passion pour l'astronomie. Dans l'œil du Prince, les étoiles deviennent les seules choses dignes de sa confiance et de son estime, mais plus que cela, regarder vers le ciel lui permet d'échapper à sa condition d'homme mortel. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture