Tancrèdi nous apparait comme un personnage rempli de jeunesse, sachant faire la part entre l'insolence inhérente aux jeunes années, et une grande sagesse et capacité de compréhension du monde qui l'entoure (...)
[...] Il sait que désormais les rapports changent et que s'il veut conserver sa place de privilégié, il doit tout en modifiant le mode de pensée instruit par son rang, faire face aux changements et s'adapter, c'est ici toute la problématique posée par sa réplique au Prince, dans la Première Partie du roman. Au moment de l'arrivée à Donnafugata, il est celui qui est immaculé, et candide, contrairement à ses congénères poussiéreux. Il a une demi-heure d'avance sur eux. Il est celui qui est en avance, les autres ont du retard, ils trainent. [...]
[...] Tancrèdi fait donc figure dans le roman de jeunesse éternelle mais aussi d'aptitude au changement, à l'adaptation, il est celui qui illustre le mieux la citation. Le Prince, lui est totalement opposé du point de vue de l'idée proposée par la citation. Le Prince de Salina est présenté dès la Première Partie, qui fait figure de scène d'exposition, comme un vieil animal agonisant. Son palais est fissuré de toutes parts, sa vaisselle franchement défraichie, son jardin est en friche. Le déclin des Salina est évoqué dans la description d'un Prince imposant mais fatigué. [...]
[...] Contrairement à Tancrèdi, il refuse de s'impliquer dans un nouveau royaume, s'empêchant de garder son statut de privilégié. On assiste ensuite à son agonie, puis à sa mort à laquelle est consacrée toute une partie. Il finit nouveau-né dans les bras de Tancrèdi, ce qui illustre parfaitement la situation finale : un Prince déchu, un jeune homme brillant dans la nouvelle société. Après avoir analysé la situation de Tancrèdi et celle de Don Fabrizio, nous avons vu comment les deux personnages principaux, totalement opposés (l'un acceptant le changement, l'autre pas) partent tout au long du roman dans deux directions différentes, jusqu'à arriver à une situation inverse de la situation initiale. [...]
[...] Et comment, au contraire, le personnage du Guépard semble nous entrainer vers une vision opposée ? Pour que tout reste tel que c'est, il faut que tout change Cette vision rappelle l'étude de Leigh Van Valen, célèbre biologiste qui fonda la théorie du Paradoxe de la Reine Rouge en référence au livre de Lewis Carroll, De l'autre coté du miroir. Tandis qu'Alice et la Reine Rouge se lancent dans une course effrénée, la petite fille s'interroge : Mais, Reine Rouge, c'est étrange, nous courrons vite et le paysage autour de nous ne change pas La Reine Rouge répond avec sagesse : Nous courrons pour rester à la même place Leigh Van Valen utilise cette métaphore pour illustrer la course à l'amélioration entre les espèces. [...]
[...] Un roi illustrant une monarchie qui comme le territoire de Don Fabrizio, annonce sa perte. Concetta, la fille de Don Fabrizio quand à elle, ne peut mieux stigmatiser l'inaptitude au changement des Salina qu'en traitant le comte qui la courtise comme elle fait. Elle l'ignore, refuse tout dialogue, ne l'écoute pas, et alors que Tancrèdi lui a compris la nécessité de se marier avec la bourgeoisie, elle reste sagement dans les rangs d'une aristocratie destinée à disparaitre. Don Fabrizio confirme son incapacité à accepter de changer, en refusant de prendre part au nouveau royaume quand il décline la proposition qui lui est faite de prendre part au nouveau Sénat du Haut Royaume. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture