Dès le début du roman, Don Fabrizio a un rapport particulier avec la mort, tour à tour elle l'attire, l'obsède puis le dégoûte lorsqu'elle est matérialisée. Cette particularité fait également de ce personnage une sorte de mystique, ce qui n'est pas sans rapport avec sa passion pour l'astronomie et pour les astres. Le Prince voit donc dans la mort des autres le signe prochain de sa propre mort et s'identifie parfois presque aux cadavres qu'il croise (...)
[...] Lors du bal, le personnage réalise qu'il devient vieux. Tous ses anciens amis lui paraissent sans intérêt et méprisables, ses anciennes maîtresses le dégoûtent. Ses amis sont d'ailleurs comparés a des animaux : comme le bétail meuglant dans la nuit, conduit à l'abattoir à travers les rues de la ville Le Prince ne voit dans les danseurs que de futurs cadavres et il a pitié d'eux : la foule de danseurs parmi lesquels il comptait tant de ses paroles par la chair sinon par le cœur finit par lui seller irréelle Même le couple Tancrède-Angelica qui représente pourtant la jeunesse lui fait penser à Roméo et Juliette dans la crypte. [...]
[...] L'unification de l'Italie signe donc l'arrêt de mort de l'aristocratie, des Salinas parallèlement à la mort du Prince. Don Fabrizio est donc bien un courtisant de la mort, fasciné par elle lorsqu'elle n'est qu'une abstraction, dégoûté et envoûté par les cadavres. La devise du Prince pourrait être tant qu'il y a de la mort il y a de l'espoir La mort de ce personnage est aussi pour l'auteur une façon d'anticiper sa propre mort car lui aussi aristocrate déchu il moura à l'issue de l'écriture de ce roman. [...]
[...] Elle est là, à la sortie du bal, parade funèbre chez les Ponteleone, on dit d'elle qu'elle était toujours fidèle Lors de son agonie celle qu'il appelle : la créature désirée depuis toujours lui apparaît en tenue de voyage et ainsi que la mort qui touche le Prince elle est prête a être possédée La mort du Prince est donc érotisée, l'auteur va jusqu'à la comparer la défloration une jeune fille. Néanmoins la mort a aussi pour le Prince une dimension d'horreur, de pitié, liée au vieillissement de ceux qui s'en approchent et de son monde qui s'écroule autour de lui. Le bal chez les Pontoleone apparaît pour le Guépard comme une immense mascarade, un bal mortuaire, dernier sursaut de la grandeur aristocratique. [...]
[...] Cette fascination pour les cadavres, la mort incarnée est particulièrement vraie lorsqu'il s'agit de corps d'animaux. Ses parties de chasse a Donnafugata donne a Fabrizio l'occasion de contempler deux lapins agonisants dont on dit qu'ils tentèrent vainement de se sauver exactement comme tant d'hommes ; le Prince voit donc dans la mort un fatalisme auquel les hommes ridicules essaient d'échapper. Du Bestiaire morbide du Guépard on retiendra également les agneaux éventrés offerts par des paysans qui dégoûtent le Prince bien que celui-ci ne puisse s'empêcher de le contempler : le spectacle de sang et de terreur Pourtant le premier cadavre qui attire le Prince est n'est pas celui d'un animal mais celui d'un soldat venu mourir dans son jardin. [...]
[...] Le guépard, Lamédusa Tu courtises la mort Vous direz comment cette opinion éclaire le personnage du Prince. Le Guépard œuvre de Lampedusa, peut-être considéré comme un roman du déclin, de la mort ou de la chute d'un personnage ou d'un monde. Dès les premiers mots du récit en latin, le ton est annoncé : maintenant et à l'heure de notre mort Le Prince, personnage principal, est lui-même en proie à de nombreux questionnements sur la mort. On peut donc se demander : en quoi Tancrède saisit-il bien le personnage de son oncle en disant qu'il courtise la mort ? [...]
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