Juliet, "Lambeaux" (le récit final de l'écriture de l'oeuvre) : commentaire composé

Résumé du document

Commentaire totalement rédigé sur le récit final de la genèse de l'oeuvre Lambeaux.

Extraits

[...] L'auteur met ainsi en évidence une fonction essentielle des récits de vie : conférer une certaine immortalité à des personnes, graver ce qui est voué à la mort dans l'éternité de l'art. Là encore, cette page éclaire une nouvelle fois le titre de l'œuvre : à travers elle, il s'agit pour l'auteur d'arracher à la mort et à l'oubli des morceaux de vie, des lambeaux Cette immortalité qu'il attribue par son œuvre à ses mères s'accompagne d'un hommage : Charles Juliet souligne la fonction laudative de son récit par une accumulation de propositions infinitives renforcée par un effet de cadence majeure gradation dans le nombre des syllabes) : Dire ce que tu leur dois. [...]

[...] 1 Commentaire d'un extrait de Lambeaux (édition Folio p.149-151) de Charles Juliet : le récit final de l'écriture de l'œuvre TEXTE : Le récit autobiographique de Charles Juliet est rédigé à la deuxième personne du singulier. Dans cette partie de l'œuvre, le narrateur s'adresse à lui-même et évoque ses mères : sa véritable mère, disparue tragiquement, qu'il n'a pas connue, et celle qui l'a élevé. Un jour, il te vient le désir d'entreprendre un récit où tu parlerais de tes deux mères l'esseulée et la vaillante l'étouffée et la valeureuse la jetée-dans-la-fosse et la toute-donnée Leurs destins ne se sont jamais croisés, mais l'une par le vide créé, l'autre par son inlassable présence, elles n'ont cessé de t'entourer, te protéger, te tenir dans l'orbe1 de leur douce lumière. [...]

[...] Récapitulation des aspects principaux du texte Originalité du texte : pas tant le tutoiement (puisque c'est vrai de l'œuvre tout entière) que la mise en abyme de l'œuvre dans ce passage et la mise en œuvre poétique du programme qu'il dévoile dans cette page. Il explique que l'écriture de son œuvre sera une victoire sur le langage et montre ici par l'écriture de son texte même cette victoire sur les mots : l'obstacle est à la fois évoqué et dépassé Ouverture sur d'autres textes, par exemple La recherche du temps perdu de Marcel Proust : toute l'œuvre de Marcel Proust raconte elle aussi comment le personnage devient auteur et s'apprête à rédiger une œuvre qui ressemble fort à celle que le lecteur a dans les mains. [...]

[...] Cette fonction existentielle de l'autobiographie est présentée comme universelle. Elle vaut en effet aussi bien pour l'auteur (à la ligne 16, l'auteur indique que les mots se refusaient à lui et qu'il était incapable de s'exprimer que pour ses mères : il te plaît de penser que ce fut autant pour elles que pour toi. (l.18). La fin du texte opère même un lien entre les mères de l'auteur et l'ensemble des exilés des 4 mots : du singulier, l'auteur est passé à un pluriel très vaste que mettent en relief l'anaphore finale ceux et celles qui et le présent de vérité générale. [...]

[...] Charles Juliet évoque d'abord l'origine de son projet (ligne 1 à la volonté de parler de ses deux mères, qu'il présente comme les inspiratrices de son œuvre. Il explique ensuite le plan qu'il a suivi dans son œuvre : faire un hommage à ses deux mères puis retracer son histoire et l'origine de sa vocation d'écrivain (l.9-11). Charles Juliet met donc ici en évidence la dimension à la fois biographique et autobiographique de son œuvre. Il raconte ensuite les obstacles qu'il a rencontrés dans l'écriture de son œuvre (l.11-18) : le champ lexical du combat, de la lutte lutter conquérir combat gagner traduit la difficulté de l'entreprise : c'est pour l'auteur trop de souffrances à la fois de revenir sur son histoire (l. [...]