Laforgue, Le Sanglot de la terre

Résumé du document

Commentaire composé complet et détaillé du poème de Jules Laforgue : « Le Sanglot de la terre ». Idéal pour les révisions du baccalauréat, ou tout simplement pour un devoir en classe. En plus, présence d'une biographie et d'une bibliographie de l'auteur.

Extraits

[...] Quelle valeur donner au présent que Laforgue emploie tout au long du sonnet ? Présent d'énonciation ou présent d'habitude ? On pencherait plutôt pour la deuxième interprétation et l'on peut penser que l'espoir l'abandonnera encore et qu'il devra demander à nouveau à la fine cigarette de le plonger dans l'extase infinie Conclusion A mi-chemin entre autodérision et confidence lyrique, tout en jouant du respect et du détournement de la tradition poétique, Laforgue fait entendre sa voix bien particulière dans la poésie française. [...]

[...] Jules Laforgue Le sanglot de la terre Introduction A la fin du XIX ème siècle, l'œuvre de Jules Laforgue exprime son mal de vivre chronique, une angoisse aussi aiguë que le spleen de Baudelaire, mais sans connaître le répit que laissent les aspirations à l'idéal. Il adoucit l'expression de son désespoir par l'humour et l'autodérision, comme dans le sonnet Oui, ce monde est bien plat tiré du Sanglot de la terre, d'une forme qui respecte et malmène à la fois les règles traditionnelles du sonnet. [...]

[...] A défaut d'être compris de ces vivants et pauvres futurs squelettes il peut au moins confier ses émotions à ses vers et trouver dans la création poétique un exutoire à son malaise : les vers auxquels il songe avec une douce joie sont-ils ceux qu'il s'apprête à mettre en forme précisément dans ce sonnet ce qui refermerait plutôt brillamment la boucle ouverte la remarque initiale du vers 1 : Oui, ce monde est bien plat ? 3.3 Apaisé, mais pour combien de temps ? [...]

[...] Laforgue a d'autres stratégies anti-spleen notamment le recours à l'humour, et l'autodérision pour minimiser, relativiser l'intensité de son angoisse. C'est un humour varié dont la forme est plus ou moins subtile, plus ou moins immédiatement sensible par l'humour, la dérision On repère tout de suite les expressions familières sornettes fumez au nez des dieux qui créent d'amusants effets de décalage dans ce sonnet à la fois classique et désinvolte : Laforgue respecte en effet le cadre formel du sonnet, riche de toute une tradition poétique, mais prend des libertés en y traitant sur le mode humoristique ses angoisses existentielles, en se mettant en scène dans ce monologue familier, comme si le sonnet prolongeait la réflexion du poète ou répondait à la remarque d'un interlocuteur : Oui, ce monde est bien plat Laforgue joue des changements de ton : tantôt familier pour tuer le temps je fume au nez des dieux tantôt agressif et sarcastique pour apostropher les vivants pauvres futurs squelettes tantôt lyrique ; enfin, le lecteur sent l'intention parodique du lexique, des images et des hyperboles recherchées des poètes symbolistes dans des expressions comme extases infinies ou parfums mourants de mille cassolettes Le poète ménage des rencontres cocasses à la rime squelettes rime avec cassolettes fantastiques avec moustiques joie avec oie décrit ses hallucinations loufoques éléphants en rut et chœurs de moustiques invente la comparaison triviale du pouce rôti avec une cuisse d'oie Le bilan Le moi retrouvé De toute évidence, le poète sort apaisé de cette expérience, comme en témoigne le dernier tercet. [...]

[...] C'est du moins la conviction de Laforgue qui, tout jeune, avait perdu la foi chrétienne après la mort de sa mère. Donc, rien à attendre du coté des dieux qui, mis ainsi au pluriel, perdent la dimension métaphysique qu'aurait le singulier Dieu pour ne garder que leur statut mythologique Un air de mort La seule certitude, c'est la mort qui rime avec sort Laforgue semble même éprouver une satisfaction morbide à multiplier les allusions macabres tuer le temps squelettes Même les parfums qui l'enchantent sont mourants et la fumée de la cigarette, son unique consolatrice, semble souffrir pour s'élever et se tord vers le ciel. [...]