Commentaire composé sur le Sonnet II de Louise Labé.
[...] Les thèmes que l'on discerne sont la plupart typiquement lyriques. En effet, la plainte de l'amour malheureux (avec parmi les noms : soupirs larmes plaints peines maux cœur ; parmi les adjectifs : tristes obstinés dépendues pires plaintif est présente tout au long du poème. Les termes sont organisés de façon graduelle : suivant en cela l'organisation d'un bloc où le premier souvenir heureux devient de plus en plus amer, les termes ont un sens toujours plus fort. Par exemple, dans les quatrains, à partir des beaux yeux bruns l'auteur en arrive à parler de la mort et des pires maux Le thème de la mort et du temps est aussi présent (noms : jours nuits temps morts ; participes passés à valeur d'adjectifs : perdu attendues retournés Il est renforcé au vers 7 par une métaphore hyperbolique et enveloppante mille rets Un thème essentiel, caractéristique du lyrisme, celui des instruments et de la voix luth viole archet voix fait référence au mythe d'Orphée qui ajouta deux cordes à la lyre d'Apollon en hommage aux neuf Muses. [...]
[...] Comme le dit Lamartine, Un sonnet n'existe pas si la pensée n'en est pas violemment et ingénieusement résumée dans le dernier vers. Louise Labé donne ainsi un aspect lyrique à ce sonnet, le transformant en une mélodie rythmée et agréable qui traite de ses sentiments malheureux. Ce poème, adressé à l'être aimé est un véritable chant élégiaque. Dans ce sonnet, pour traduire le tiraillement de ses sentiments, Louise Labé se sert donc de la forme fixe deux quatrains, deux tercets, et parvient à l'associer au lyrisme. Le résultat, remarquable, produit un chant à l'amour perdu. [...]
[...] En effet, Louise Labé s'attache à exprimer le tiraillement sentimental qu'évoque le souvenir de sa passion, sous la forme fixe qu'est le sonnet, tout en le transformant en chant grâce à des procédés lyriques. L'expression exaltée de la passion amoureuse s'accomode-t-elle pour autant de la forme contraignante du sonnet ? Louise Labé compose un sonnet sur le thème de l'amour qui est aussi, de par sa caractéristique lyrique, un chant à l'amour perdu. Le sonnet est une forme fixe dont la pratique se propage à la Renaissance. [...]
[...] On note la même chose dans la ponctuation : chaque quatrain est une phrase exclamative, de même chaque vers du premier tercet ; le dernier enfin n'est qu'une phrase déclarative. Le rythme s'accélère tout au long du poème afin que la chute soit plus frappante. Ceci est accentué par la découpe des décasyllabes en quatre et six syllabes, du premier au dernier vers. L'interjection Ô typiquement lyrique exprime le malheur, la nostalgie du passé et rythme le poème par son anaphore. [...]
[...] Ce sonnet parle donc d'amour. On repère facilement le champ lexical du corps de l'être aimé ( yeux, regards, ris, front, cheveux, bras, mains, doigts Le thème de l'amour est rattaché à celui de la lumière, métaphore de la passion. Ainsi, feux flambeaux étincelle s'y rapportent. L'interjection Ô usuellement plutôt adressée aux puissants, aux dieux ou aux Muses, est ici à double connotation : admirative et lyrique. Elle est en premier lieu la marque de l'admiration que la poétesse porte à son ancien amant. [...]
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