« Le Pouvoir des Fables » de Jean de La Fontaine - un éloge contrasté

Résumé du document

Commentaire littéraire de la célèbre fable de La Fontaine qui réalise un brillant éloge du genre dans lequel il s'illustre. Quelles sont les fonctions de la fable ? Instruire, certes, mais il s'agit surtout de plaire, de divertir un peuple parfois réticent à un discours moral, ou rhétorique ennuyeux. Cette fable est originale à plus d'un titre : sa structure, les contrastes créés et bien d'autres éléments contribuent au dynamisme de cet apologue.

Extraits

[...] L'interrogation témoigne de l'attention du public qui a suivi l'histoire narrée et qui souhaite vivement connaître la suite. En réponse à cette interrogation, l'orateur expose sa colère (hyperbole : prompt courroux marqué par des exclamations et interrogations de type polémique : Quoi ? De contes d'enfants son peuple s'embarrasse ! Que ne demandez-vous ce que Philippe fait ? Le peuple est sensible à ce reproche et prend conscience de la gravité de la situation : réveillée se donne entière (hyperbole). [...]

[...] Cette fois, grâce à la ponctuation (les guillemets), le discours de l'orateur est rapporté de manière directe. Quittant la rhétorique, l'orateur opte pour une fiction mettant en scène des personnages mythologiques en ce qui concerne Cérès (déesse latine des moissons) et des personnages animaliers : Hirondelle et une Anguille Le choix des personnages (nombre réduit et facilement identifiable) et la simplicité de la fiction (vocabulaire accessible et phrases courtes) s'opposent à la grandiloquence du précédent discours. Cette anecdote a également un impact considérable sur l'auditoire (contrairement à la rhétorique précédemment développée) car elle suscite sa curiosité. [...]

[...] Conclusion : Par cet apologue et les contrastes mis en place entre les discours de l'orateur et les réactions du peuple, La Fontaine montre les diverses manières d'amadouer un peuple réticent aux discours sérieux et éloquents pour les troquer contre des discours plus ludiques : des fables. Il avertit ainsi Mr de Barillon sur les conséquences que son discours pourrait avoir sur Charles II d'Angleterre et crée un éloge du genre, mettant en avant les nombreuses qualités des fables. La Fontaine illustre ainsi ce qu'il écrit dans la préface des Fables ou dans La Vie d'Esope le phrygien : un récit imagé, bref et simple peut avoir plus de poids qu'un discours politique grandiloquent et dramatisé. [...]

[...] Puis, le récit reste en suspend sur la réaction de Cérès (en réalité l'orateur) vis à vis des réactions du peuple. L'Intrusion du Conteur et Allusions : Dans la dédicace, le conteur apparaît pour poser les bases de sa réflexion sur Le pouvoir des fables : Par une allusion (type de réécriture) à l'une de ses fables : Le Chat, la belette et le petit lapin il suggère la frivolité du contenu des fables, en comparaison avec la mission qui a été assignée à l'ambassadeur. [...]

[...] Celle-ci s'inscrit également dans un contexte politique et historique particulier qui nous renvoie à des considérations plus sérieuses. Dédicace : Mr de Barillon était un ami de La Fontaine. Il fut ambassadeur de Louis XIV à la cour d'Angleterre. Son rôle fut important : la guerre contre la Hollande se prolongeant, il devait convaincre Charles II d'Angleterre de rester neutre (de ne pas prendre part aux Communes unies contre la France). Cette dédicace indique clairement que La Fontaine s'adresse à un homme politique, et plus largement à tous les hommes de pouvoir, à tous les lecteurs. [...]