Commentaire composé consacré à la fable Le Philosophe Scythe de Jean de La Fontaine. Elle traite de l'opposition entre stoïcisme et épicurisme. La Fontaine adopte l'épicurisme tel qu'il est défini sous Louis XIV, et condamne le jansénisme à travers le stoïcisme.
[...] Pour clore notre étude, analysons la dimension allégorique de cette fable par laquelle La Fontaine fait passer ses idées, et notamment ses critiques de la société. On remarque qu'un des fils conducteurs de ce poème est la narration métaphorique nécessaire à l'illustration concrète d'une morale en respect au genre de la fable. L'éloge du sage et le blâme du philosophe scythe sont des preuves que le premier est l'allégorie-même de l'épicurisme et le second celle du stoïcisme ; dans le texte une métaphore en particulier se rapporte à chacune de ces deux conceptions philosophiques : ils ôtent à nos cœurs le principal ressort métaphore de la machine en panne représentant le mode de pensée initié par Zénon de Kition et les expressions son bonheur consistait aux beautés d'un jardin de ses arbres à fruit retranchait l'inutile corrigeant partout la nature j'ôte le superflu le reste en profite d'autant qui composent la métaphore filée de l'entretien de l'âme, qui représente quant à elle la conception du monde d'Épicure. [...]
[...] De plus, au siècle de Louis XIV où le Classicisme sert avant tout à faire rayonner la monarchie absolue de droit divin, La Fontaine, s'il ne s'affiche pas jésuite comme on doit l'être à la Cour du roi, critique fortement le jansénisme ainsi que les dévots, assimilés au stoïcisme. À travers la rencontre et le dialogue de deux jardiniers, l'auteurs confronte deux philosophies, et pour mieux appuyer ses idées, il use d'un contre-exemple du stoïcisme qui se trouve être l'épicurisme, auquel il adhère. Fort de tous ces éléments, il semble logique que l'on se demande : en quoi La Fontaine oppose-t-il deux conceptions philosophiques au service de ses convictions expliquées par une fable ? [...]
[...] La valorisation du sage par son origine est réaffirmée par le fait que c'est le philosophe scythe qui, se proposant de suivre une plus douce vie voyage et lui rend visite, illustrant l'attirance de la barbarie vers la lumière de la civilisation. Les actions du sage étant opposées à celles de la nature, comme l'indiquent le réseau lexical du jardin déjà cité, cela montre une avancée de l'homme sur le sauvage par la culture, et donc une action civilisatrice. L'esthétique est assimilée à cette notion, et aussi très présente dans cette fable : l'on parle des beautés d'un jardin ce qui se rapporte explicitement au domaine du bonheur esthétique. [...]
[...] La Fontaine oppose bien deux conceptions philosophiques pour faire transparaître ses convictions politiques et use pour cela de la subjectivité permise par le sens allégorique de la fable. En conclusion, par la rédaction de la fable du Philosophe scythe, La Fontaine tente de répondre à la problématique du bonheur en exposant tout d'abord au lecteur l'éloge de la philosophie épicurienne personnifiée par un vieillard qui, à l'image de celui des Géorgiques de Virgile, cultive quelques arpents de terrain et se sent égal aux rois ; cela met en évidence l'avantage d'accepter ses passions en les régulant pour être épanoui. [...]
[...] Par la personnification de l'épicurisme, La Fontaine peut dresser un éloge du sage, symbole de civilisation et d'épanouissement régulé. Ensuite, nous passerons à l'étude du philosophe scythe qui est discrédité tout au long du texte : c'est un blâme du stoïcisme. La tristesse caractérise le philosophe scythe : en premier lieu son origine né dans la Scythie par métonymie, renvoie à la barbarie ; en effet, cette région correspondant à la Russie méridionale est un pays mal connu, très ancien, où la brume et le mauvais temps sont omniprésents, miroirs-conscience du Scythe. [...]
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