- Comme dans de nombreuses fables, La Fontaine plante le décor dans le premier mouvement.
- Si le titre renseigne le lecteur sur le thème développé par la fable (la reine est morte et sera enterrée), force est de constater que c'est en fait le Lion qui occupe l'essentiel de ce premier mouvement.
- Malgré le trépas de la Lionne, il est celui qui occupe le devant de la scène : « le Prince », « la femme du Lion », « il », « sa », « ses », « Le Prince », « son ».
- Sa puissance est donc remarquable ... et remarquée. La trépassée est évoquée grâce au lien qui l'unit au Roi (« la femme du Lion » et la diérèse de Li-on permet une focalisation sur le personnage) et ce dernier occupe, dans le mouvement, une place stratégique : en fin de vers (vers 3) ou au début (vers 6 et 12) (...)
[...] La Fontaine met en avant l'idée que les courtisans ne sont pas ce qu'ils semblent être. Toute une isotopie lexicale de l'illusion et de l'imitation est alors développée : paraître, caméléon, singe Il y a donc ici une attaque et une critique très nettes de l'hypocrisie de la Cour. L'oxymore tristes/gais et la construction complexe du vers 18 qui combine chiasme (adjectif- groupe prépositionnel/ groupe prépositionnel - adjectif) et anadiplose à tout/à tout insiste sur cette particularité des Courtisans. En fait, la critique touche tous les vers de ce mouvement à compter du vers 18. [...]
[...] Un mensonge en somme. [...]
[...] Ce point est d'ailleurs souligné par la rime des vers 52 et 53 songes/mensonges Il y a une forme de cynisme dans cette morale immorale avec l'alliance de mots paradoxale agréables mensonges Ce cynisme est perceptible également dans le dernier vers avec le terme gober : ils goberont l'appât La Fontaine présente de façon ridicule et triviale les Rois puisqu'il utilise une isotopie lexicale de la pêche et du monde animal. L'ironie de l'auteur éclate véritablement à la toute fin de la fable puisque le dernier mot est ami Or cet apologue a véritablement montré le fait que cette idée, cette notion d'amitié n'a guère d'existence, de réalité au sein de la Cour. Il n'y a que flatteurs, hypocrites, rusés et menteurs. La seule fois où le terme ami a été utilisé dans la fable, c'est dans la bouche de la Lionne à savoir dans un propos inventé, fictif. [...]
[...] Le Cerf imagine cette canonisation pour se sortir d'affaire et use de la prosopopée pour achever de persuader le Roi. Ainsi fait-il parler la Lionne qui s'adresse au Cerf par l'apostrophe «Ami L'assonance en souligne le caractère paisible et pacifique de la conversation : lire les vers 45-49 jusqu'à plaisir Le Cerf achève son discours de nouveau sur un propos à double sens : Laisse agir quelque temps le désespoir du Roi/J'y prends plaisir Ces paroles, fictives, sont plus censées mettre en évidence le sadisme et la cruauté de la Reine qu'un quelconque amour ou attachement pour son époux. [...]
[...] Ce lexème accolé à l'adjectif chétif renforce cette idée d'infériorité et met en exergue la puissance et le mépris du Roi. Ce mépris sera visible à plusieurs reprises dans son discours notamment avec l'alliance de mots antithétiques sacrés (renvoyant au Lion bien sûr) et profanes (qui évoque le Cerf). Le Lion méprise tant le Cerf qu'il ne peut s'abaisser à le tuer lui-même : Nous n'appliquerons point sur tes membres profanes/ Nos sacrés ongles (vers 35-36). Finalement, on peut dire que la fureur grandissante du Roi est également visible par une gradation dans l'adresse au Cerf. [...]
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