Commentaire et analyse de la fable Les Obsèques de la Lionne de Jean de La Fontaine.
[...] Il y a donc ici une mise en abîme (fable dans la fable) qui en démontre doublement le pouvoir. Les coups de théâtre. La riposte du cerf représente un premier coup de théâtre, avec son art d'inverser les rôles : il n'est pas censé réagir ainsi, montrer autant de courage et d'habileté, mais devrait se soumettre. La réaction de son public en constitue un autre : ‘'miracle ! Apothéose !'' 50) du côté des courtisans, à laquelle s'ajoute la transformation subite de la colère du roi en générosité (‘'Le cerf eut un présent'' V 51). [...]
[...] Le zèle d'un flatteur a failli le perdre 28-29), son habile flatterie va le sauver 39-49).Il commence son discours par une allusion à la Bible ( citation d'un passage de l'Ecclésiaste attribué à Salomon déjà cité par le narrateur ce qui montre sa culture en plus de l'à propos de son esprit (‘'Il y a un moment pour tout un temps pour pleurer et un temps pour rire, un temps pour gémir, et un temps pour penser.''). Il évoque ensuite la reine dans un tableau surprenant et séduisant qui la montre ‘'couchée entre les fleurs'' puis il lui donne la parole. IL se présente ainsi comme son confident, mais aussi comme le messager élu pur mettre en communication le monde des morts et celui des vivants. A ce titre, il devient lui-même en quelque sorte sacré et une croyance d'ordre religieux autant que superstitieux le protège. En effet, le roi lion n'ose plus l'attaquer. [...]
[...] Les sujets s'élargissent et se diversifient. Plusieurs poèmes abordent ainsi la question de l'absolutisme royal et de l'homme confronté à ce pouvoir : l'observation porte sur tous les aspects de la vie à la cour, sur les rapports entre le roi et ses courtisans face aux humbles représentants du peuple. C'est à cette veine qu'appartient la fable étudiée Elle est inspirée d'un récit d'Abstinius (humaniste de la fin du siècle et début il a écrit deux cents fables en prose latine) intitulé ‘'Le lion irrité contre le cerf joyeux de la mort de la lionne''. [...]
[...] Traité par opposition au lion, il est cependant un être modeste, venu des bois donc sans culture raffinée contrairement aux courtisans, d'ailleurs il ne sait pas lire 32). Ainsi, il appartient à la catégorie des victimes traditionnelles dans ces récits moralisants (l'agneau, l'âne) Toutefois le cerf s'en distingue : il ne se soumettra pas à ce rôle convenu. D'abord, il montre sa liberté et son authenticité en ne pleurant pas la mort de la reine, puisqu'elle a tué sa famille. Ensuite, face à sa mort imminente, il ose adresser la parole au roi, de manière calme et respectueuse (‘'Sire'' V39, ‘'Votre digne moitié'' V 41). [...]
[...] L'auteur a l'habitude de se dissimuler derrière ces personnages pour garder une distance avec son propos. Ici il convient de se demander ce qui prédomine : le masque offert par le bestiaire ou l'attaque directe d'un monde dénoncé par l'auteur ? Pour montrer cette émergence peu coutumière de l'humain dans le monde animalier des fables, il sera intéressant d'étudier les particularités du bestiaire auquel il donné vie pour enfin analyser la portée critique originale de ce texte. Le bestiaire dans ‘'les Obsèques de la lionne'' Il est constitué des animaux traditionnels : le lion, le roi des animaux et son épouse la lionne, d'une part, opposés au cerf, humble victime des animaux féroces comme dans la nature, d'autre part, et enfin, serviles, dévoués à la cause du maître, les singes, les caméléons et les loups. [...]
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