Cette fable met aux prises deux oiseaux : le Milan, qui a grand faim, n'écoute pas le Rossignol qui essaie de le convaincre de l'écouter chanter ; le Rossignol sera mangé. Elle n'est pas sans rappeler Le Loup et l'Agneau (fable 10, livre I) et sert à illustrer le proverbe venu de Grèce (...)
[...] Le Milan est ainsi réfractaire à tout discours et toute morale. Conclusion Remarquable par sa brièveté, la légèreté et le dynamisme narratifs maniés avec habileté par La Fontaine, la fable Le Milan et le Rossignol met en scène une altercation entre deux oiseaux qui s'achève brutalement et rapidement par le refus du Milan de dialoguer avec le Rossignol et la mort de ce dernier. En ce sens, elle diffère vraiment des autres fables de La Fontaine dans lesquelles les animaux qui sont opposés en passent, avant la conclusion, par une longue conversation qui leur permet d'exposer leur caractère et leur personnalité. [...]
[...] La subtilité du Rossignol Comme pour le Milan, plusieurs références textuelles attestent également de sa personnalisation : - la majuscule et la parole valent ici aussi. Mais contrairement au Milan, la teneur de son discours le laisse apparaître plus fin - le réalisme Dès le premier vers de son discours (vers : Aussi bien que manger en qui n'a que le son le Rossignol perçoit le tragique de sa situation et adresse cette supplique au Milan afin qu'il lui laisse la vie sauve - la ruse Sa défense même, et par la même son argumentation, semblent être marquées du sceau de l'ingénuité avec un discours duel : d'abord, il propose au Milan une histoire pendant laquelle il essaiera de se libérer. [...]
[...] - un oiseau qui répand la cacophonie sur son passage Avant de rencontrer le Rossignol, le Milan a mis le village en effervescence : Eut répandu l'alarme en tout le voisinage (vers 2). C'est lui seul qui occupe la scène d'exposition premiers vers), l'atmosphère originale du récit étant dominée par le bruit et les cris (vers 3). La place fondamentale du discours direct des oiseaux : vers 6 à 20 Le dialogue, sorte d'affrontement, entre les deux oiseaux, manifesté par un passage au discours direct, occupe plus de la moitié de la fable et focalise tout le déroulement du récit : - vers 7 à 13 : le Rossignol inaugure le dialogue et parle bien plus que le Milan, s'exprimant avec des phrases bien construites, à la limite de l'affabilité - vers 15 à 20 : le Milan, au contraire, lui répond de façon rude et sèche, laissant entendre que le discours n'est pas sa motivation principale, contrairement à la satisfaction de son appétit. [...]
[...] 10 - Non pas ; c'est un roi dont les feux violents Me firent ressentir leur ardeur criminelle. Je m'en vais vous en dire une chanson si belle Qu'elle vous ravira : mon chant plaît à chacun. Le Milan alors lui réplique : 15 Vraiment, nous voici bien ; lorsque je suis à jeun, Tu me viens parler de musique. - J'en parle bien aux rois. - Quand un roi te prendra, Tu peux lui conter ces merveilles. Pour un Milan, il s'en rira : 20 Ventre affamé n'a point d'oreilles Ses mains : ses serres. [...]
[...] Mais le Milan met un terme brutal à cet échange, soit par incompréhension, soit par refus, soit en riant. Dans tous les cas, c'est le langage qui est en échec. - un parallèle implicite avec la nature humaine En faisant accomplir au Milan un acte amoral pour satisfaire sa faim, La Fontaine semble nous dire que chacun peut un jour devenir Milan, satisfaisant ses besoins et devenant, pour ce, insensible aux nécessités des autres. Une morale immorale Les fables de La Fontaine introduisent souvent le vers final par les quelques vers précédents, ce n'est pas le cas ici. [...]
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