Trois niveaux de lecture : la fable parle du corps humain (l'allégorie), que l'on peut interpréter par le royaume de France, et l'exemple historique de la cité de Rome.
On peut mettre en parallèle ces trois niveaux par différents thèmes :
- l'élément détenteur du pouvoir et la perception qu'en donne la fable ;
- l'élément gouverné et la perception qu'en donne la fable ;
- le sujet de récrimination qui ramène l'élément gouverné sous l'autorité en place (...)
[...] * Au second niveau de lecture, l'élément gouverné est comme on peut le voir aux vers 26/27 "tout". Cela montre l'étendue du pouvoir du gouvernant qui est la "grandeur royale" v.24. Il s'en suit une énumération pour donner un visage à ce tout et où l'on peut voir que des fonctions très diverses du corps social sont concernées : Cela renforce l'idée de l'étendue, et montre que cela touche vraiment tout le monde : v28 "artisans", v29 "marchand" "magistrat" "laboureur", v30 "le soldat", v32 "l'état". [...]
[...] * Du vers 5 à 20 : Récit des membres qui ne veulent plus travailler pour l'estomac qui pour eux est inutile + Conséquence de leurs actes. * Vers 21 à 23 : La morale que les membres du corps pourraient retirer de leur rébellion. * Vers 24 à 32 : La fable se comprendrait comme une allégorie au Royaume de France. * Vers 33 à 44 : Un exemple historique, celui de Méneluis, qui donne l'origine du récit et en prouve l'efficacité. [...]
[...] * Au niveau de la France, il n'y a pas de vision totalement négative. Il y a d'abord une idée d'échange aux vers 25 et 26 "reçoit et donne", "chose égale", "tout travaille pour elle et réciproquement". Puis à l'idée d'échange se substitue une idée de don : "fait subsister", "enrichit", "maintiens" (ici, maintenir est le synonyme de protéger), "donne paie", "distribue", "entretient seule tout l'Etat". On peut remarquer qu'il y a d'abord une réciprocité par un échange puis un don qui est total. [...]
[...] Si le corps et Rome ont des récriminations directes, la royauté n'en a pas. Par un jeu de parallélisme, on peut associer les reproches faites au Sénat au royaume de France. Conclusion : Cette fable constitue une critique détournée très habile. La structure complexe du récit enchâssé permet à La Fontaine de développer un texte à plusieurs niveaux de lecture. C'est la seule critique possible face à un pouvoir aussi absolu et rigide que celui de Louis XIV. [...]
[...] o Pour Rome, il y a le Sénat au vers 34. * L'estomac est tout d'abord perçu négativement : vers 22 on le qualifie comme "oisif et paresseux" puis positivement au vers 23 "à l'intérêt commun contribuait plus qu'eux". Il y a un contexte d'échange inégal. Cette inégalité s'inverse entre le début et la fin du récit : au début, les membres considèrent que l'estomac prend plus qu'il ne donne ; à la fin, ils pensent finalement qu'il donne plus qu'il ne reçoit. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture