Etude analytique de la fable de Jean de la Fontaine, "Le Loup et l'Agneau".
[...] Phèdre a recueilli cette fable chez Ésope. Elle a ensuite été traduite en français pour les écoles de Port-Royal par le Maître de Sacy. C'est ainsi qu'elle inspirera La Fontaine. Dans cette fable, en confiant à des animaux la mission de représenter la violence odieuse, La Fontaine lui donne toute sa portée et nous permet de transposer sa leçon dans le monde humain : duplicité des comportements de l'homme avec son semblable. L' ART DU RÉCIT ET DE LA VERSIFICATION L'art du récit : La fable se présente comme un discours narratif encadrant un dialogue : - vers 3 à 6 : quatrain de début - vers 27 à 29 : tercet de fin. [...]
[...] - le premier quatrain (vers 3 à avec des rimes embrassées (ABBA) isole la situation initiale et la rend autonome. - de même, les rimes suivies (AABB) des vers 7 à 10 et des vers 11 à 14 traduisent un dialogue rapide où l'échange est marqué par l'urgence de la situation. - le vers 23 corrobore aussi cette analyse puisqu'il présente deux interlocuteurs en un vers qui est un décasyllabe mais avec 4 syllabes pour l'agneau et 6 pour le loup (toujours supérieur au niveau rythmique) et qui marque l'accélération de l'affrontement. [...]
[...] III- UNE MORALE AMBIGUË Cette morale semblait évidente à cette époque car la société était très hiérarchisée en trois castes (noblesse, clergé, tiers état). Le loup symbolise le noble guerrier et chasseur. Il n'y a pas d'incertitude, l'agneau est condamné d'avance. Mais l'antéposition de la morale signe son originalité et indique d'emblée qu'il va falloir revoir le sens de celle-ci au regard de la fable. Le loup a donc une raison au sens de motif et cette raison est implacable, tandis que l'agneau a une raison au sens d' entendement et celle-ci est tout aussi irrécusable. [...]
[...] Entre les deux, la position du narrateur reste ambiguë. Le lecteur peut seulement constater que la force de la raison ne peut ébranler la raison du plus fort son pouvoir ; elle peut seulement remettre en cause sa légitimité. La fable ne présente donc pas au lecteur une morale toute faite, qu'il n'a plus qu'à s'approprier, mais impose au contraire une réflexion critique complexe. CONCLUSION On retrouve dans cette fable l'expression de l'idéal classique qui semble tout naturellement porté par l'apologue : instruire et plaire Mais cette fable présente deux originalités : - l'antéposition de la morale qui indique d'emblée qu'il va falloir revoir son sens à la fin de la fable, - la place principale du dialogue qui permet la confrontation des protagonistes et donc des points de vue. [...]
[...] Dit cet animal plein de rage : Tu seras châtié de ta témérité -Sire, répond l'agneau, que Votre Majesté Ne se mette pas en colère ; Mais plutôt qu'elle considère Que je me vas désaltérant Dans le courant Plus de vingt pas au-dessous d'Elle ; Et que par conséquent, eu aucune façon, Je ne puis troubler sa boisson. -Tu la troubles, reprit cette bête cruelle, Et je sais que de moi tu médis l'an passé -Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ? Reprit l'agneau ; je tette encor ma mère -Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. -Je n'en ai point. –C'est donc quelqu'un des tiens ; Car vous ne m'épargnez guère Vous, vos bergers et vos chiens. On me l'a dit : il faut que je me venge. [...]
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