Le texte Les Souris et le Chat-huant est présenté comme une fable d'abord parce qu'il s'intègre dans un recueil de fables et parce que La Fontaine nous le dit aux vers 6 et 7 : "(...) et tel que d'une fable / Il a l'air et les traits, encor que véritable".
Ensuite, on peut penser qu'il s'agit d'une fable par la forme du texte ; en effet, les souris et le chat-huant est un texte bref qui possède une forme narrative ; de plus, il met en scène des animaux : des souris et un hibou ; et pour finir, le texte est écrit en vers (...)
[...] Enfin, La Fontaine reconstitue avec humour les étapes du raisonnement qui a dû conduire le hibou à ce comportement. Ainsi, il n'y a aucunes traces de condamnation sur la cruauté du hibou de la part du fabuliste mais plutôt une réflexion sur le degré d'intelligence de cet animal. Donc ce récit n'a rien d'une fable, d'ailleurs La Fontaine le dit lui-même dans la note en prose qu'il ajoute à la fin : Ceci n'est point une fable ; et la chose, quoique merveilleuse et presque incroyable, est véritablement arrivée. [...]
[...] De plus, une fable fait évoluer des personnages qui représentent les catégories sociales de la société mais ici les souris et le chat-huant ne sont ni mis en scène, ni représentant de catégories sociales. Ainsi, il ne s'agit pas non plus d'une fable car ce texte ne permet pas d'évoquer les défauts des Hommes. Par conséquence, il s'agit plutôt d'une histoire que d'une fable. On peut effectivement le voir dans le mécanisme du texte ; en effet, le fabuliste commence par donner un conseil : il ne faut jamais( ) puis dans le vers 4 il fait référence à Scarron dans La foire de St Germain : ( ) qu'un conte ne vaut jamais rien / Quand on dit : je vous ferai rire ( ) ainsi, le fabuliste prétend le contraire et affirme que ce qu'il va nous présenter comme une fable va nous faire rire : Voici pourtant un cas qui peut être excepté. [...]
[...] Ainsi, dès le titre, on nous présente un peuple proie : les souris, face à un prédateur unique : le chat-huant. Le chat-huant est en faite une chouette au plumage clair, aussi appelé chouette hulotte. Ce nom lui a été donné car elle possède l'agilité du chat pour attraper les souris et son cri est le hululement d'où son surnom de chat-huant. Ainsi, la chouette ou comme dans le texte le hibou est un rapace nocturne qui vit le plus souvent en forêt. [...]
[...] Donc, La Fontaine se positionne dans ce débat. Quel ressort lui pouvait donner / Le conseil de tronquer un peuple mis en mue ? / Si ce n'est là raisonner, / La raison m'est chose inconnue. Après avoir expliqué le raisonnement qu'a du faire le hibou, il conclu : ( ) Or trouvez-moi / Chose par les humains à sa fin mieux conduite Quel autre art de penser Aristote et sa suite / Enseignent-ils par votre foi ? Il semble donc d'abord favorable à la thèse de Montaigne (dans l'Apologie de Raimond Sebond) qui tend à reconnaître une intelligence des animaux comparables à celle de l'Homme. [...]
[...] De plus, on peut considérer que cette fable est une sorte de supplément au Discours à Mme de la Sablière où sa pensée est plus élaborée car il expose la thèse de Descartes puis il élève des objections contre celle-ci avec des exemples concrets de ruse animale et d'intelligence, pour au final se rallié à la théorie des deux âmes, c'est-à-dire que l'animal est doué d'une forme d'âme, qui certes ne lui permet pas le raisonnement intellectuel l'argumentation, réservée à l'homme doté du langage ; mais il pourrait sentir, juger et inventer. Ainsi, cette âme "animale" serait commune à tous les vivants, hommes et animaux confondus. Et l'autre âme, immortelle est réservée aux hommes, et n'apparaîtrait que par l'éducation. En définitive, ce récit n'a donc rien d'une fable. La Fontaine part d'une histoire présentée comme véridique pour débattre sur l'existence ou non d'une âme, d'une pensée chez l'animal. Ce texte n'a ainsi aucune morale mais il s'inscrit dans un débat philosophique. [...]
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