L'auteur, Jean de La Fontaine, le célèbre fabuliste du 17e siècle qui a remis au goût du jour l'art d'instruire en divertissant, met en scène la rencontre de deux pèlerins naïfs qui se disputent une huître et finissent par se faire voler par Perrin Dandin qu'ils ont pris pour juge à tort puisqu'ils se retrouvent avec une coquille chacun. Jean de La Fontaine critique et dénonce dans cette fable, de façon indirecte, la justice qui à cette époque était lente, coûteuse et souvent injuste (...)
[...] Les deux pèlerins sont tellement heureux d'avoir trouvé l'huître que La Fontaine fait rimer "proie" avec "joie". Cette gourmandise est renforcée par le chiasme (vers trois) "ils l'avalent des yeux, du doigt ils se la montrent". Nous pouvons dire qu'ils sont également violents (vers six "le pousse") et la violence est le fait des sots. Nous constatons qu'en plus d'être prétentieux ils se vantent d'avoir de bons yeux (vers onze et douze) cette vantardise est accentuée par l'utilisation d'une litote (vers douze " je ne l'ai pas mauvais aussi"). [...]
[...] Dans ce récit les Plaideurs ne sont pas parfaits loin de là. On peut même dire qu'ils sont caricaturaux. L'huître dans le texte occupe une petite place elle n'a pas la parole et est cité trois fois dans le texte (vers deux, dix-sept et dans le titre) mais tient un rôle très secondaire. Elle est au centre de la dispute, c'est le sujet de la dispute entre les deux pèlerins. Elle finit par se faire manger par Perrin Dandin sans aucune pitié, sa mort est annoncée de façon brusque et soudaine "Perrin, fort gravement ouvre l'huître et la gruge" (vers dix-sept). [...]
[...] Mais dans cette fable on constate que chacune de ces valeurs sont inexistantes chez les deux personnages. Le dernier personnage et celui de Perrin Dandin tout comme les autres ses défauts sont nombreux : ils ne pensent qu'à manger l'huître car dès son arrivée (vers seize), il la déguste "ouvre l'huître, et la gruge" (vers dix- sept). Il n'écoute même pas les plaideurs et rend un jugement expéditif pour se débarrasser des deux pèlerins et injuste car ils se retrouvent juste avec une coquille et Perrin rajoute même qu'il aurait pu les faire payer "sans dépens" (vers vingt-et-un). [...]
[...] Il utilise des connecteurs de temps : "un jour" (vers un) et "Pendant tout ce bel incident" (vers quinze) ce dernier permet de passer certaines répliques de la dispute inutiles à la compréhension de l'histoire. Enfin, hormis son caractère poétique l'Huître et les Plaideurs est vivante grâce au présent de narration qui rend les actions plus présentes aux yeux du lecteur. De plus avec l'utilisation du registre réaliste qui met en scène la fable dans un lieu habituel ("sur le sable" vers un) avec des personnages ordinaires : deux pèlerins un juge et une huître. [...]
[...] L'Huître et les Plaideurs est une fable vivante qui grâce à ses procédés est plaisante à lire mais fait aussi une critique du régime contemporain de l'auteur : la monarchie, qui est un système inégalitaire où le peuple n'a pas de pouvoir. Au travers des défauts des personnages La Fontaine caricature un grand problème : la justice qui n'est accessible qu'à la noblesse ou au clergé car elle est chère, lente et injuste et que pour beaucoup de familles elle n'est pas accessible. [...]
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