... Dans ses Fables, La Fontaine entend prôner un art de vivre, et pour cela, il dénonce ce qui peut entraver les relations de l'homme avec ses semblables, qu'il s'agisse d'ignorance, de sottise, de passions humaines, d'abus de pouvoir, ou de... Dans quelle mesure peut-on dire que, dans les livres 7 à 12 de ses Fables, La Fontaine dénonce les pouvoirs de la parole ?
[...] Une écriture proche de l'oralité La parole, thème de prédilection de La Fontaine Après avoir montré comment La Fontaine dénonce une parole pragmatique, non respectueuse, une parole tour à tour outrancière et rhétorique ou la parole vaine et flatteuse des courtisans, nous allons analyser en quoi l'écriture de La Fontaine, proche de l'oralité, sait intégrer certains aspects de cette parole inhérente aux Fables, et qui contribue à leur esthétique. La parole est, nous l'avons vu, un des thèmes de prédilection de ce grand fabuliste. En ce sens, sa dénonciation ne porte pas sur toute forme de parole. Contre une parole fausse et intéressée, La Fontaine moraliste aspire à trouver une parole vraie, qui ne soit pas celle de la médisance, ni de la flatterie intéressée. [...]
[...] / traduisait en langue des Dieux/ Tout ce que disent sous les cieux/ Tant d'êtres empruntant la voix de la nature. Fanny Népote- Desmarres parle de l'art de la fable comme d'« un acte de parole situé entre préhumain et divin [ ] qu'il convient d'apprécier comme telle, c'est-à-dire comme une prescription de l'Au- delà Ne s'agit-il pas d'évoquer par la langue des Dieux la magie de la parole, dotée d'un pouvoir si mystérieux, qu'il nous emporte loin de la vie réelle pour nous entraîner au-delà du contingent, vers une suprême esthétique, celle de la beauté et du mystère ? [...]
[...] Dans Les animaux malades de la peste la parole de chacun revêt une importance vitale. Le lion prend le premier la parole et avoue ses fautes avec une apparente bonne foi: Je me dévouerai donc Mais le renard, courtisan hypocrite, plaide en faveur du Lion, se contentant de commenter l'attitude du roi, d'atténuer cette pseudo confession, et de ne rien avouer, ce qui révèle un abus de pouvoir. Quant à l'intervention finale de l'âne, sa sincérité Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net le condamne. [...]
[...] Ainsi, dans Le Chat, la Belette, et le petit Lapin, le fabuliste se moque de leurs efforts pour être remarqués des Grands de la Cour : pour un regard du roi, il faut broute[r], trotte[r], et [faire] tous ses tours Ce vers pittoresque suggère bien le ridicule propre aux gens de Cour, et la morale de cette fable peut conclure cette réflexion : Ceci ressemble fort aux débats qu'ont parfois Les petits souverains se rapportant aux Rois. Au-delà du propos, il apparaît que La Fontaine est d'abord un grand esprit maniant brillamment la raillerie. Il s'inscrit en cela dans la tradition mondaine de son temps pour laquelle la parole est brillante et piquante. La Fontaine dénonce les pouvoirs d'une certaine forme de parole La parole légère, fondée sur un pragmatisme S'il s'avère bien, en effet, que La Fontaine dénonce -avec gaieté- une certaine forme de parole, tentons de voir de quelle parole il s'agit. [...]
[...] En d'autres endroits, le dialogue entre auteur et lecteur est plus direct, plus authentique aussi, lorsque par exemple il partage avec lui le fruit d'une expérience aussi amère que celle de la laitière : Quel esprit ne bat la campagne ? / Qui ne fait châteaux en Espagne ? [ ] / Chacun songe en veillant, il n'est rien de plus doux [ ] / Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même / Je suis gros Jean comme devant. [...]
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