La Fable « Le Curé et le Mort » est inspirée d'un fait divers relaté dans deux lettres de Madame de Sévigné ; La Fontaine exploite ce fait divers en étoffant son récit de circonstances qui vont lui donner une tonalité et une signification nouvelle. On peut d'ailleurs avancer l'idée qu'il se livre à une sorte de détournement de sens, puisque rien n'indique que la personnalité du curé réel corresponde à celle qui est décrite dans la Fable. La Fontaine se livre à une satire du clergé somme toute traditionnelle dont l'étude correspondra à notre première partie. Nous envisagerons ensuite la dimension fantastique du récit pour nous intéresser enfin à sa philosophie et les rapports qu'elle entretient avec la structure du texte (...)
[...] La Fontaine réduit en quelque sorte la vie à la littérature: le mensonge de la fable contient une vérité profonde. Conclusion: L'intérêt de cette fable réside d'abord dans son registre satirique:La Fontaine détourne en quelque sorte le fait divers connu pour en faire l'illustration des travers, voire des vices traditionnels du clergé : les curé Chouart est en effet le type même du prêtre bon vivant jouisseur et cupide. Le second intérêt de cette fable réside dans sa structure, fondée sur le principe de renversement de situation, des illusions humaines et de leur écroulement : la chute est en effet due à la fois à la volonté du destin , mais aussi aux erreurs du personnage insanctionné pour ses défauts. [...]
[...] Il y a une sorte de jubilation dans la manière dont La Fontaine ajoute les termes les uns aux autres, et même une troisième rime en on purement gratuite. On note également l'emploi de l'adjectif maintes et des pluriels. Les parallélismes entre les termes montrent qu'il joue tous les rôles, celui du prêtre et celui de l'assemblée. Mais ce zèle est dévalorisé par plusieurs indices: l'adverbe gaiement l'adjectif ironique dévote et la locution adverbiale à l'ordinaire qui dénonce le caractère mécanique , routinier des prières du curé. [...]
[...] III- La réflexion morale et philosophique. A-Le rêve et son écroulement. La structure du récit est caractérisée , comme très souvent dans las fables par un renversement de situation: comme dans le cas de Perette ( la laitière et le pot au lait), entre le début et la fin, des rêves ont été échafaudés, puis s'écroulent lourdement. On retrouve chez le curé les mêmes traits de psychologie que chez Perette: même impatience, même exaltation euphorique,même travail de l'imagination. La confiance en l'avenir se manifeste également par les futurs de certitude et le verbe devoir Le narrateur balise son texte de signe annonciateur du destin, d'avertissements prémonitoires du sort qui l'attend. [...]
[...] L'attente du curé est d'autant plus forte que le personnage mort appartient à la classe aristocratique: il est porté en carrosse, interpellé de façon respectueuse monsieur placé dans un cercueil en plomb et désigné par la formule son seigneur Un joyeux vivant , un épicurien. Les plaisirs de la table. Les penchants du personnage sont classiques, mais La Fontaine insiste sur le raffinement dans la sensualité, avec le superlatif meilleur et sur ses qualités de gourmet. 2)Le goût pour les jolies filles. Le monologue du curé fait allusion à deux femmes mises sur le même plan. [...]
[...] La litote assez et le diminutif propette relève de la plaisanterie et évoque le libertinage du clergé. Ces deux femmes sont donc au centre de projet de cadeaux vestimentaires, de cotillons. Le nom messire jean chouart est utilisé par Rabelais dans Pantagruel, mais Rabelais ne l'a pas inventé: ce nom désignait avant lui un type populaire incarnant la cupidité et la paillardise : on retrouve dans le curé le personnage traditionnel à la fois avide et jouisseur. II- Un récit fantastique. Plusieurs éléments transforment ce récit en un récit fantastique. Un mort presque vivant. [...]
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