Madame de La Fayette, "La princesse de Clèves", La rencontre entre la Princesse de Clèves et Monsieur de Nemours

Résumé du document

La rencontre entre Melle de Chartres devenue la princesse de Clèves et le duc de Nemours est un événement préparé depuis longtemps, mais retardé par des péripéties romanesques pour accroître l'impatience du lecteur. Quand cette scène a lieu, il est trop tard : l'héroïne est désormais mariée.

Cet événement ne peut que rappeler en miroir la scène chez le bijoutier, le moment où M. de Clèves subit le coup de foudre pour Melle de Chartres. Sans ce hasard, rien n'aurait pu s'opposer à l'union des deux héros. Ce n'est pas dans une échoppe, même si elle ressemble à un palais, que cette rencontre s'effectue ; c'est lors d'un bal, en présence de la cour : le roi, la reine, la reine dauphine, le chevalier de Guise, Mme de Chartres (...)

Extraits

[...] La reine les interrompit pour faire continuer le bal ; monsieur de Nemours prit la reine dauphine. Cette princesse était d'une parfaite beauté, et avait paru telle aux yeux de monsieur de Nemours, avant qu'il allât en Flandre ; mais de tout le soir, il ne put admirer que madame de Clèves. Le chevalier de Guise, qui l'adorait toujours, était à ses pieds, et ce qui se venait de passer lui avait donné une douleur sensible. Il prit comme un présage, que la fortune destinait monsieur de Nemours à être amoureux de madame de Clèves ; et soit qu'en effet il eût paru quelque trouble sur son visage, ou que la jalousie fit voir au chevalier de Guise au-delà de la vérité, il crut qu'elle avait été touchée de la vue de ce prince, et il ne put s'empêcher de lui dire que monsieur de Nemours était bien heureux de commencer à être connu d'elle, par d'extraordinaire. [...]

[...] Elle avait préparé la rencontre : Mme la Dauphine le lui avait dépeint d'une sorte, et lui en avait parlé tant de fois, qu'elle lui avait donné la curiosité, et même de l'impatience de le voir. Conclusion Le récit de cet événement si attendu et souhaité par le lecteur associe à l'intérêt dramatique - Mme de Clèves découvre l'amour - à un élément tragique - mariée, elle n'est plus libre. La finesse de l'analyse psychologique de la reine dauphine accentue la richesse de cet extrait. [...]

[...] La princesse de Clèves. La scène du bal. Commentaire composé. Texte Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour se trouver le soir au bal et au festin royal qui se faisaient au Louvre. Lorsqu'elle arriva, l'on admira sa beauté et sa parure ; le bal commença, et comme elle dansait avec monsieur de Guise, il se fit un assez grand bruit vers la porte de la salle, comme de quelqu'un qui entrait, et à qui on faisait place. [...]

[...] de Nemours il était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu Le regard des témoins Le regard de la cour, en exprimant l'admiration, renforce l'effet de la beauté des héros, l'on admira sa beauté et sa parure Mais le regard est aussi perspicace : ou que la jalousie fit voir au chevalier de Guise au-delà de la vérité, il crut qu'elle avait été touchée de la vue de ce prince Les témoins participent eux aussi au coup de foudre : à l'exemple du roi qui le rend inéluctable, à l'exemple de la reine dauphine qui le fait entrer dans le champ social, à l'exemple du chevalier de Guise, à qui n'échappe pas le caractère galant et extraordinaire de l'aventure, ou enfin, à l'exemple de Mme de Chartres, qui est envahie par la même pensée qu'avait eue le chevalier de Guise Ce qui se passe entre les deux héros est dévoilé par les personnages qui assistent à la scène. Les mœurs de la cour La Princesse de Clèves se déroule dans un cadre historique précis : la cour des Valois. [...]

[...] Elle se tourna, et vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que monsieur de Nemours, qui passait par-dessus quelques sièges pour arriver où l'on dansait. Ce prince était fait d'une sorte, qu'il était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu, surtout ce soir-là, où le soin qu'il avait pris de se parer augmentait encore l'air brillant qui était dans sa personne ; mais il était difficile aussi de voir madame de Clèves pour la première fois, sans avoir un grand étonnement. [...]