Commentaire composé sur le texte de Baudelaire, "La Chevelure" poème tiré du recueil Les Fleurs du Mal.
[...] - B - L'émergence d'un univers : Sont moins privilégiés les détails pittoresques que les sensations éprouvées : - v.6 où les noms de continents sont accompagnés d'adjectifs qui évoquent des sensations ; - v.7 contenant une imprécision dans la localisation : monde lointain, absent, presque défunt Le rythme ternaire met en valeur les adjectifs qui indiquent une vision floue, issue de l'imaginaire. Cet éloignement est souligné par les sonorités nasales (cf. v.11 : j'irai là-bas - Or cette imprécision géographique va de pair avec une impression d'étirement dans le temps, d'infinité : se pâment longuement (v.12), où frémit l'éternelle chaleur (v.20), infinis bercements (v.25), longtemps ! Toujours (v.31). [...]
[...] Il est constitué de 7 strophes formées de 5 alexandrins aux rimes croisées puis embrassées. - I - Un poème de l'intimité amoureuse : - A - L'énonciation : Une progression conduit d'une présentation à la troisième personne dans la 1ère strophe - je la veux agiter - à une adresse directe dans les trois strophes suivantes. Cela se double d'une modification dans la façon de nommer cette chevelure : dans la 1ère strophe, avec toisons boucles il y a une désignation directe de cette chevelure, alors que dans les strophes suivantes, il y a le recours à des métaphores issues d'associations analogiques - forêt aromatique mer d'ébène (v.14), cheveux bleus (v.26) La source d'inspiration devient elle-même le lieu où s'évade le poète ; cette chevelure contient le monde dans lequel l'imagination du poète prend son essor. [...]
[...] Etude de La chevelure poème en vers des Fleurs du Mal de Baudelaire Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure ! Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir ! Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure Des souvenirs dormant dans cette chevelure Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir ! La langoureuse Asie et la brûlante Afrique, Tout un monde lointain, absent, presque défunt, Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique ! Comme d'autres esprits voguent sur la musique Le mien, ô mon amour ! [...]
[...] Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues, Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ; Sur les bords duvetés de vos mèches tordues Je m'enivre ardemment des senteurs confondues 30 De l'huile de coco, du musc et du goudron. Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde Sèmera le rubis, la perle et le saphir, Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde ! N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde 35 Où je hume à longs traits le vin du souvenir ? [...]
[...] Il y a l'impression d'un prolongement, d'une diffusion durable, grâce aux sonorités nasales en on en un et aux diphtongues en ou : il s'agit d'un retentissement qui n'est pas éphémère. - ma tête amoureuse d'ivresse (v.21) où s'affirme la réaction d'esthète du poète, avide de sensations. - Cela fait écho au vers 29 - Je m'enivre ardemment - ; cet écho se prolonge avec le petit poème en prose où le verbe s'enivre est employé. Toutes ces expressions nous montrent combien là aussi il y a une tendance à la sublimation, à l'élévation au-delà du support de la rêverie. Il s'agit donc encore d'un pseudo madrigal. [...]
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