Dans les chapitres précédents, un jeune Indien du Canada, de la tribu des Hurons, est accueilli à la descente du bateau par la société bretonne. Vite surnommé L'Ingénu, il est reconnu comme le neveu du prieur de Kerkabon et de sa soeur. Ayant décidé de rester en France avec eux, il doit se faire convertir pour être baptisé. Devant les réticences de l'Ingénu, on lui a choisi pour marraine une jeune femme noble, Mlle de Saint-Yves, dont il est amoureux.
Il lui a demandé sa main et elle a accepté, mais l'Église s'oppose au mariage entre un baptisé et sa marraine. Sur les conseils du bailli, l'abbé de Saint-Yves a fait enfermer sa soeur dans un couvent. Ce chapitre marque la fin de l'intrigue bretonne de l'Ingénu. Le lecteur y est invité à se distraire devant les malheurs de l'Ingénu qui voit arriver les Anglais et, par la même, la possibilité de hisser Mlle de Saint-Yves au rang d'une dame de haut lignage par ses exploits guerriers (...)
[...] Ces deux bonnes gens ajoutèrent à la bourse anglaise un présent considérable de leurs 65 épargnes L'Ingénu disait en lui-même : Quand je verrai le roi, je lui demanderai Mlle de Saint-Yves en mariage, et certainement il ne me refusera pas. Il partit donc aux acclamations de tout le canton, étouffé d'embrassements, baigné des larmes de sa tante, béni par son oncle, et se recommandant à la belle Saint- Yves. Milice : troupe constituée des habitants volontaires pour le combat. Honnêtement : selon les règles en usage. Gueux : pauvre, misérable et peu honnête. Guinées : monnaie anglaise, frappée, à l'origine, avec l'or de Guinée. Relief : prestige, renom. [...]
[...] Conclusion Ce chapitre permet à Voltaire d'introduire un sujet alors d'actualité qui l'indigne : la guerre. Avec humour, il la décrit comme une expérience négative qui sert d'exutoire à un Ingénu furieux de ne pouvoir épouser Mlle de Saint-Yves. Par une narration qui n'est pas sans rappeler l'enrôlement de Candide pour les officiers recruteurs du roi des Bulgares, l'intrigue bretonne prend ici fin et l'Ingénu, tel Candide auquel il se met à ressembler, va être confronté à divers épisodes destinés à illustrer les dysfonctionnements de la société européenne. [...]
[...] Les flots de la Manche ne sont pas plus agités par les vents d'est et d'ouest que son cœur l'était par tant de mouvements contraires Il marchait à grands pas, sans savoir où, lorsqu'il entendit le son du tambour. Il vit de loin tout un peuple dont une moitié courait au rivage, et l'autre s'enfuyait. Mille cris s'élevèrent de tous côtés ; la curiosité et le courage le précipitent à l'instant vers l'endroit d'où partaient ces clameurs ; il y vole en quatre bons. Le 15 commandant de la milice qui avait soupé avec lui chez le prieur, le reconnut aussitôt ; il court à lui, les bras ouverts : Ah ! [...]
[...] II- Le récit d'un héros On a pu constater depuis le début du conte, l'indexation de l'évolution de L'Ingénu à l'amour qu'il éprouve pour Mlle de Saint-Yves. On relève dans ce sens l'art du titre des chapitres. En effet, chacun des six précédents contient le nom de l'Ingénu. D'abord passif (chapitres I à il est ensuite montré en action : d'abord amoureux (la plus passive des actions), il court (chapitre VI) puis ici, repousse Progressivement, il démontre sa vigueur originelle en essayant de faire évoluer les événements. Un personnage sentimental Voltaire nous donne tout d'abord l'image d'un amoureux transi. [...]
[...] III- La dénonciation de Voltaire Ce chapitre permet à l'auteur de dénoncer la guerre : son hypocrisie et sa violence et son inutilité. - son hypocrisie Elle est suggérée par l'argumentation du commandant de la milice qui veut convaincre l'Ingénu de combattre. Elle est indirecte et laisse apparaître sa mauvaise foi à travers un langage excessif souligné par : .le semblant de logique qui se traduit par l'anaphore de que et la lourdeur de son argumentation (que les Anglais venaient piller l'abbaye de la Montagne, boire le vin de son oncle, et peut-être enlever Mlle de Saint-Yves ; que le petit vaisseau sur lequel il avait abordé en Bretagne n'était venu que pour reconnaître la côte ; qu'ils faisaient des actes d'hostilité sans avoir déclaré la guerre au roi de France, et que la province était exposée, lignes 23 à 27) .la citation d'atteintes personnelles à l'Ingénu sans relation avec le contexte (piller l'abbaye de la Montagne, boire le vin de son oncle, et peut-être enlever Mlle de Saint- Yves, lignes 23-24). [...]
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