Si L'Epreuve de Marivaux, de nos jours, est relativement méconnue, il faut rappeler qu'au XVIIIe, cette comédie était l'une de ses pièces les plus célèbres et les plus jouées. En à peine un acte, il rend compte des affres de l'amour, de la difficulté d'accorder sa confiance, des obstacles sociaux et de la complexité des rapports humains. La gaieté domine cette oeuvre même si certaines scènes, plus profondes que d'autres, donnent à voir des notes et des accents de désarroi et de désespoir. Les scènes 16 et 17 justement présentent ces caractéristiques puisqu'elles rendent compte d'un moment crucial après qu'Angélique a compris que l'homme qui lui était destiné n'était pas Lucidor mais son « ami » à savoir son valet déguisé en honnête homme. Le passage qui nous est proposé est celui où la jeune fille laisse éclater sa déception et sa colère (...)
[...] Ce que Lucidor constate vos discours ont une aigreur Elle se montre particulièrement ironique et même provocatrice : j'en ai [de l'amour] pour un homme d'ici j'en prendrai tout exprès demain pour avoir un mari à ma fantaisie - Les relations entre les personnages sont à l'exact opposé de la huitième scène puisque la joie a laissé place à la colère, la complicité à la tension, l'amour à la déception. Ces deux scènes les désunissent. Angélique et les deux valets - Angélique affronte ici pour la première fois Frontin. Jusqu'à présent elle ne lui avait adressé que deux phrases : je ne saurais ; ce sera pour une autre fois (scène XI) et Monsieur je ne vous connais point (scène 15). - Leurs rapports si l'on peut dire évoluent ici très nettement. [...]
[...] - En effet, l'attitude du domestique de Lucidor amuse et le lecteur et le spectateur. Son maître lui a donné un rôle à jouer et, d'une certaine manière, on peut dire qu'il se joue de ce jeu comme lorsqu'il feint d'être outré comme vous le dites belle ingrate - Comique avec la réplique c'est en quoi je brille lorsqu'Angélique lui demande s'il est honnête homme Le lecteur et le spectateur savent qu'il n'en est rien. - Enfin, le comique de la scène éclate également quand il laisse déceler sa vraie nature tout en tenant le discours d'un honnête homme : c'est un séducteur vos pareilles en ont mille preuves et un homme intéressé, vénal qui aime l'argent (relire la fin de la réplique d'Angélique page 85 + elle [l'humeur] est bien opposée à la mienne Le lecteur/spectateur est dans la confidence (il sait que Frontin n'est qu'un valet payé pour se faire passer pour un riche prétendant) et donc ses propos qui ne peuvent être compris d'Angélique sont drôles pour le public. [...]
[...] SEQUENCE 2 Mme Dhers 2008-2009 Si l'Epreuve de Marivaux, de nos jours, est relativement méconnue, il faut rappeler qu'au XVIIIe, cette comédie était l'une de ses pièces les plus célèbres et les plus jouées. En à peine un acte, il rend compte des affres de l'amour, de la difficulté d'accorder sa confiance, des obstacles sociaux et de la complexité des rapports humains. La gaieté domine cette œuvre même si certaines scènes, plus profondes que d'autres, donnent à voir des notes et des accents de désarroi et de désespoir. [...]
[...] - Non seulement, Angélique renvoie Frontin mais elle fait plus encore quand elle rend compte de son rapport à l'argent : je n'aime pas l'argent ; j'aimerais mieux en donner que d'en prendre - Par ailleurs, on remarque qu'elle laisse échapper un indice sur son refus d'épouser Frontin quand elle lui dit : je ne songeais pas à vous - Lucidor devrait donc être rassuré puisqu'il a obtenu un résultat positif à son test. La pièce pourrait donc, devrait donc prendre rapidement fin. A l'issue de ces deux scènes, l'épreuve qui est au cœur de l'action et donne son titre à la comédie s'achève. Angélique refuse Frontin, glisse sans le vouloir la raison de son refus (elle pensait que le mari choisi serait Lucidor) et souligne le peu de cas qu'elle accorde à l'argent. [...]
[...] Particularité de ces deux scènes Un affrontement - Affrontement qui ne vient pas tout de suite. On remarque que chaque personnage prend d'abord la parole (lire les trois premières répliques car elles sont courtes). Les propos tenus déclenchent la colère d'Angélique. - Première fois que le personnage s'exprime aussi longuement puisqu'on a trois importantes tirades de près d'une quinzaine de lignes. - Angélique n'est pas un personnage volubile, babillarde Elle est normalement dans la retenue. Ici, le changement est net. [...]
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