Un célèbre monologue, largement inspiré de Plaute, vient clore l'avant-dernier acte de la pièce. Comique de voir Harpagon courir en tous sens, hurlant qu'il est mort car l'événement tant redouté est advenu : on lui a dérobé sa cassette.
- Monologue : moment crucial, morceau de bravoure, notamment ds les tragédies. Trouble, introspection... qui aboutit à une décision, à un renforcement de soi. Ici, le mouvement se traduit à l'extérieur, sur la scène (mouvements désordonnés), et aboutit à l'explosion d'Harpagon, du monde... (...)
[...] : on passe d'un exposé de la réalité (il y a eu vol) à la traduction de cette réalité telle que perçue par Harpagon (ce vol équivaut à un assassinat) je suis perdu, je suis assassiné, on m'a coupé la gorge, on m'a volé mon argent : gradation à nouveau : assassiné plus précis que perdu moins ambigu, coupé la gorge renvoie à l'idée de massacre, fait d'Harpagon un animal puis argent volé : on tombe à nouveau dans la logique d'Harpagon, il est plus grave de se faire voler son argent que couper la gorge. Je me meurs, je suis mort, je suis enterré. [...]
[...] C'était la cassette (comme un être aimé) qui ordonnait le monde (structurait espace et temps) sa perte dévaste tous repères et cette dévastation touche l'identité d'Harpagon. Alors qu'il cherche son voleur, ne cesse de revenir au je au moi comme s'il tournait en rond sur lui-même, ce qui est d'ailleurs physiquement le cas puisqu'il est seul sur scène : paroxysme quand il se prend le bras. Comme une parodie du monologue intérieur, du retour sur soi Monomanie de l'argent, par disparition de l'argent, devient monomanie du moi (La Rochefoucauld et l'amour propre) : voleur, assassin je suis perdu, je suis , on m'a coupé Où est-il que ferai-je Rends-moi mon argent, coquin Il se prend à lui-même le bras Ah ! [...]
[...] Symptôme de la folie : le tu désigne l'argent (personnification) (oxymore mon pauvre argent : dans un moment de forte tension dramatique, sourire de Molière à travers ce jeu de mots, poursuivi par cher ami avec même procédé de gradation et d'extension : l'ami puis la femme aimée (registre élégiaque). les autres Désormais, l'argent disparu, il n'y a plus que le moi et les ennemis. Tous. Cf paranoïa jusque-là «mesurée ciblée à l'encontre de La Flèche ou de ses enfants ici à nouveau un cap a été franchi : tous, même ceux qu'il ne connaît pas, qu'il ne voit pas, sont des ennemis jusqu'à luimême. Symptôme de la folie que la perte des distinctions, des frontières entre les choses ou, ici, entre les personnes. [...]
[...] Harpagon et le théâtre Sans rien ôter à la folie du personnage comique (donc à l'attaque contre l'avarice par le rire), ne peuton pas lire cette scène, en même temps, à un second niveau, comme, en surplomb du théâtre, parlant d'Harpagon justement comme d'un homme comme les autres c'est-à-dire fou d'être pris dans l'illusion du vaste monde ? De fait, dans L'Avare et particulièrement dans cette scène, Molière joue fréquemment avec les limites du théâtre et de la comédie. monologue : il se plie à qqs règles du genre, mais là aussi sur le mode de l'exagération car à la fois tragique, élégiaque (ce qui est logique puisque son argent est tout : vie, honneur, femme aimée). Il va même au-delà, traduisant le mouvement intérieur par le mouvement sur scène. [...]
[...] Molière, L'Avare IV,7-V,1 : rage et folie d'Harpagon Un célèbre monologue, largement inspiré de Plaute, vient clore l'avant-dernier acte de la pièce. Comique de voir Harpagon courir en tous sens, hurlant qu'il est mort car l'événement tant redouté est advenu : on lui a dérobé sa cassette. Monologue : moment crucial, morceau de bravoure, notamment ds les tragédies. Trouble, introspection qui aboutit à une décision, à un renforcement de soi. Ici, le mouvement se traduit à l'extérieur, sur la scène (mouvements désordonnés), et aboutit à l'explosion d'Harpagon, du monde Est-ce une fin ou un début ? [...]
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