Zola, écrivain naturaliste du XIXème siècle devient un grand romancier populaire, en partie avec le septième volume des Rougon-Macquart : L'Assommoir. Dans beaucoup de ses romans l'intrigue se déroule dans Paris (La Curée, L'Assommoir, Nana, Au Bonheur des dames).
Mais il est difficile d'associer directement Paris à L'Assommoir car le quartier où se déroule l'intrigue (le quartier de la Goutte d'or) ne sera rattaché à Paris qu'en 1860 avec Haussmann. On parlera donc plus particulièrement du quartier de la Goutte d'or et de l'intérêt sociologique, dramatique et symbolique de l'espace (...)
[...] Le quartier est aussi en marge de la culture (cf. la noce avec la visite du Louvre : les convives ont le désir de comprendre les tableaux mais ils sont maintenus dans leur ignorance). Il y a un certain respect de la culture, une sensibilité mais aussi une sorte de désarroi intellectuel. Lorsque M. Madinier leur montre les monuments du haut de la colonne Vendôme, ils se disputent pour savoir où se trouve le marchand de vin où ils vont aller manger. [...]
[...] III) Un espace en marge de Paris Cet espace ne fait pas partie de la ville (il ne sera rattaché à Paris qu'après 1859 alors que l'intrigue débute en 1850). Il est coupé de Paris par le mur de l'octroi. C'est ainsi un véritable monde à part, un monde rejeté par les bourgeois de la ville. On remarque que l'Eglise et la mairie sont loin et que le maire comme le curé ne s'intéressent pas aux ouvriers. Il n'y a pas d'école (Gervaise met Etienne dans une petite pension de la rue de Chartres). [...]
[...] Qui plus est, Zola aimait bien l'onomastique : le nom du quartier évoque l'alcool, il est générateur d'images comme par exemple le filet limpide d'alcool que laisse couler l'alambic. En outre, en bordure de la ville, entre les barrières Poissonnière et Saint-Denis (actuellement place de la Chapelle), ce quartier a été habité à partir de 1830 par des professions en marge de la vile, parce que sales et ayant besoin d'espace : cochers, loueurs de voiture, blanchisseurs. Y habitaient aussi des ouvriers travaillant dans les fonderies et les ateliers mécaniques de la Chapelle. C'est ainsi le quartier ouvrier typique du XIXème siècle. [...]
[...] Ils sont ainsi rejetés par Paris, rejetés par les bourgeois dans le quartier ouvrier de la goutte d'Or. Ensuite, Gervaise ne quittera plus ce quartier sauf pour rendre visite à Coupeau à Sainte Anne. Gervaise vit successivement rue Neuve de la Goutte d'Or, dans une maison à deux logements puis, dans l'immeuble des Lorilleux rue de la Goutte d'Or. Cela traduit une certaine promotion sociale. Gervaise vit dans l'arrière-boutique au premier étage, puis se voit forcée de déménager au sixième étage dans un logement misérable et finira sa vie dans la Niche du Père Bru. [...]
[...] Zola insiste sur le rôle de l'espace dans le destin des personnages. Les personnages en sont prisonniers au même titre que de leur hérédité. L'espace, ses délimitations, rapprochent ou séparent les personnages, les différents mondes comme les bourgeois qui sont séparés des ouvriers ; c'est une distance à la fois matérielle et morale. L'espace symbolise la position sociale et morale du personnage. Tant que Gervaise a son chez-soi inviolé, elle vit assez tranquillement, mais elle ne fait pas la différence entre espace privé et espace public, et elle se fera ainsi envahir. [...]
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