Schopenhauer affirmait que "le corps entier n'est la volonté objectivée, c'est-à-dire devenue perceptible" : pour cela, il faut donc que ce corps soit humain et vivant. Or, nous pouvons nous demander si cette vérité s'applique encore lorsque celui qui a perdu son corps vivant humain a conservé sa conscience humaine et s'est métamorphosé en insecte. Ce cas de figure s'applique notamment à Gregor Samsa, le héros de La Métamorphose qui, du jour au lendemain, change de nature et de forme, mutation de laquelle il ressort véritablement méconnaissable. En effet, il est devenu une "chose" innommable tant elle rebute (...)
[...] En effet, loin d'être reconnaissante de l'aide financière qu'il leur a apporté courageusement, sa famille va au contraire progressivement le délaisser, car il ne présente plus aucun intérêt pour eux. Véritablement séquestré dans sa chambre, il est rongé par une culpabilité perverse, laquelle l'amène à anticiper les pensées de son père, en évitant de monter aux murs notamment, ce qui lui sera fatal (chapitre à la fin du deuxième et avant-dernier chapitre. Après une tentative de réinsertion soldée par un échec (chapitre Gregor subit ici la haine de son père, métamorphosé par son absence. Cette hostilité témoigne donc du rejet définitif du cercle familial de son fils. [...]
[...] En effet, il est devenu une chose innommable tant elle rebute. Cependant, dans l'œuvre, la métamorphose n'est jamais dessinée ou représentée, car il est voué à n'être que ça conformément à la volonté de l'auteur, Franz Kafka. Né à Prague le 3 Juillet 1883, cet auteur d'origine juive et de langue allemande est mort à Kierling, le 3 Juin 1924. Victime d'une relation difficile avec son père, il décide rapidement d'écrire un réquisitoire, La lettre au père, à propos de leur relation paradoxale et du conflit inhérent à leurs différences. [...]
[...] De plus, la pomme est véritablement le symbole du péché, qui peut être ici les dettes du père. Par ailleurs, l'insistance sur le dos de Gregor (l.81 et 84) peut éventuellement rappeler que c'est c dernier qui travaille de façon acharnée pour les rembourser, et non son père. Instantanément foudroyé de douleur surprenante et incroyable douleur l.86), il tente de s'éloigner de ce triste théâtre de barbarie (en opposition avec le théâtre comique de la confrontation : il voulut se traîner un peu plus loin l.84-85 [où le verbe voulut indique que malgré sa volonté, il n'y arrive pas, et le verbe traîner corrobore l'idée de blessure corporelle]) mais n'y parvient pas il se sentit comme cloué sur place l .87-88 [la référence au Christ est flagrante ici, Gregor apparaît alors comme un martyre, et ce, à l'image de Jésus, éternellement, ce qui accentue indéniablement le pathétique de cette scène] et s'étira de tout son long, dans une complète confusion de tous ses sens l.88-89) et s'incline devant la puissance paternelle s'étira de tout son long l.88). [...]
[...] Une allusion à la mort est également explicitement formulée d'un dernier regard l.89-90) après cette attaque foudroyante. C'est à cet instant, lorsque Gregor s'apprête à se soumettre pour toujours à la force paternelle dans le froid de la mort, qu'intervient une aide extérieure à la scène, probablement alertée par le bruit du bombardement de pommes. A la rapidité de l'agression succède donc celle des secours précipitamment l.92, courait l.95 et se précipitait l.98). Cette vitesse est par ailleurs intensifiée par la narration sans cesse renouvelée (à l'image de l'ancien portrait du père) de l'intervention, par le pronom relatif que et 97) et de la conjonction de coordination et et 100). [...]
[...] Visiblement donc, le père de Gregor était en alitement complet. Gregor, loin de profiter de la situation malgré sa supériorité physique, mettait bien au contraire cette force à contribution par aider sa famille en travaillant, le père n'étant alors qu'un parasite. Fort de ce dernier aperçu de celui-ci, Gregor est donc véritablement impressionné devant sa métamorphose. Il ne s'en aperçoit pas immédiatement, cependant. En effet, trop occupé à s'apprivoiser il ne s'était pour un temps pas soucié des évolutions de sa famille Ces derniers temps, à force de se livrer à ses évolutions rampantes d'un genre nouveau, il avait négligé de se préoccuper comme naguère de ce qui se passait dans le reste de l'appartement, et il aurait dû effectivement s'attendre à découvrir des faits nouveaux l.3-8). [...]
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