Fiche de lecture de l'ouvrage de Jean LALOUM: Les juifs de la banlieue parisienne, des années 20 aux années 50. Montreuil, Bagnolet et Vincennes à l?heure de la solution finale
Dans l?historiographie française consacrée à la Shoah, André Kaspi, fondateur du Département Universitaire d?Etudes Juives à la Sorbonne, annonce une troisième génération. Si la première s?est attachée à comprendre la dimension politique de la mise en place de la discrimination, de l?exclusion puis de la déportation à l?encontre des juifs de France, mettant en valeur le rôle actif de l?Etat français, la seconde en a étudié la dimension sociale, éclairant la complexité des rapports entre la société civile et les juifs devenus parias. Une nouvelle voie semble s?ouvrir avec l?intention de 'replacer les grands événements de l?histoire nationale dans leur contexte local' : C?est le parti de Jean Laloum dans la présente thèse dirigée par André Kaspi.
[...] Ce dernier se réclame à plusieurs reprises des "livres de mémoire" juifs de l‘après guerre : si ne peut que respecter la dimension sacrée que les juifs et donc les historiens juifs donnent au dit "devoir de mémoire", l‘application d‘une méthode historique dont le but serait de ressusciter le passé est discutable. La reconstitution du "maillage social de la mémoire" fait de l‘historien l‘ethnologue d‘une communauté morte, dont il rencontre les membres pour les interroger, la résurrection de la vie passée fait de l‘historien un écrivain qui doit transmettre une réalité vécue, la garde de la flamme sacrée de la mémoire fait de l‘historien un célébrant J. Laloum, tenté par ces modèles, est historien dans ses conclusions mais peu dans sa recherche. [...]
[...] Première partie : La période de l‘Avant-Guerre. A Les communautés : La population juive des 3 communes de Montreuil, Bagnolet et Vincennes (que nous noterons B et V pour simplifier) compte avant guerre 3342 personnes, soit de la population totale. La connaissance précise que a sur son état d‘avant guerre vient de la minutie avec laquelle l‘administration de Vichy recensée, étudiée pour la "bonne" marche de sa politique antisémite. Deux ensembles se distinguent nettement : sur la commune de V. [...]
[...] Conclusion : Ce sont deux communautés distinctes qui vivent avant guerre sur le territoire des trois communes. intégrée à la société française, dispersée, pour qui la judéité est d‘ordre privée, et chez qui le processus d‘acculturation est arrivé à terme. L‘autre forme en revanche une communauté à part, unie autour de l‘héritage culturel et religieux de l‘immigration, pour laquelle l‘intégration ne se fait pas ou peu, si ce n‘est à travers le combat politique œ la LICA se défend d‘être une association juive. [...]
[...] C Résister L‘entrée dans la résistance des juifs de B et V se fait dans le prolongement du militantisme communiste. Les difficultés de la clandestinité, le manque d‘expérience de jeunes dont l‘engagement politique est souvent superficiel expliquent le nombre réduit de militants qui des tracts aux coups de mains participent aux actions des FTP- MOI (Francs Tireurs Partisans) ou de la section "Solidarité" de l‘UJRE (Union des Juifs pour la Résistance et l‘Entr‘aide). Les exemples d‘aide de la société civile envers les juifs sont bien rares, comparés aux manques de complicité avec leur persécution. [...]
[...] Mais dans le but d‘"attendrir les archives", pour reconstituer la Shoah telle qu‘elle a été vécue par les individus, il accorde une place importante aux documents et aux témoignages personnels, comme les 400 photos qui illustrent sa thèse. Le cadre choisi pour cette étude est volontairement restreint elle concerne les trois communes de l‘Est parisien. Montreuil, Bagnolet et Vincennes, où la population juive présente deux aspects distincts, voire opposés à Montreuil et Bagnolet d‘une part et à Vincennes d‘autre part. [...]
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