Commentaire de texte sur le poème en prose de Baudelaire intitulé Le Joujou du pauvre. Il s'agit ici d'illustrer que les divergences sociales mises en apparence au début du texte sont en réalité réduites à la fin par le rire fraternel de deux enfants qui a priori tout oppose.
[...] Enfin, cette opposition est marquée par les joujoux. Les traits qui distinguent les deux enfants se retrouvent dans le jouet de chacun : tout comme est joli l'enfant riche, son joujou est qualifiée de splendide La fraîcheur de l'enfant se retrouve dans l'éclat de sa robe pourpre et sa coquetterie dans les plumets et le verroteries La richesse de l'enfant s'exhibe dans le verni et le doré de son jouet. Le rat vivant joujou du pauvre est lié aux idées de saleté, d'obscurité et d'insalubrité. [...]
[...] Ce poème entièrement fondé sur un jeu d'opposition et de contre oppositions se développe comme une démonstration symbolique : il s'agit bien d'une fable. Mais de cette fable, le poète a laissé la morale à l'appréciation du lecteur. On peut supposer que Baudelaire a voulu que, en général, le poème en prose incite au rêve. On remarque ici qu'il n'y a pas de trace ici de dénonciation de l'enfance malheureuse, pas d'apitoiement, pas de misérabilisme. Baudelaire ne se pose pas, comme Victor Hugo, en défenseur de l'enfance opprimée. [...]
[...] Une deuxième modification des oppositions se fait aux bénéfices de l'enfant pauvre. La vie est du coté du pauvre, la mort du coté du riche. En effet, le joujou du riche si splendide soit il, est abandonné par son jeune propriétaire ; Une métaphore de l'auteur le fait passer du coté de la mort : le joujou gisait à coté de lui. Le verbe gésir est utilisé essentiellement pour les inscriptions tombales. Le rat au contraire, si laid soit il, fascine l'enfant riche parce qu'il est vivant Et le poète souligne l'importance de ce thème de la vie, en précisant que les parents de l'enfant pauvre ont tirés ce joujou de la vie elle-même Ainsi, le vivant avec sa part de laideur, l'emporte sur l'inerte, factice copie de la vie. [...]
[...] De là la sympathie profonde qui unit le poète a ses deux jeunes personnages. L'enfant dépasse les préjugés esthétiques : en cela il ressemble au poète dans l'élaboration poétique. Le rat, en effet, est un objet aussi laid et presque aussi répugnant que ce cadavre, cette charogne dont Baudelaire a fait le sujet d'un poème. Le poète comme l'enfant honorent la vie, laideur et beauté mêlées, conjugaison d'attraction et d'horreur. Enfin nous pouvons conclure que le poète reste discret dans l'emploi des images, par l'absence du je dans le texte. [...]
[...] Il convient à présent d'étudier l'aspect physique des enfants qui marque d'avantage cette barrière sociale existante entre les deux enfants : la santé et la fraîcheur forment l'anti-thèse avec la chétivité et la saleté. L'enfant riche attire les regards par ses vêtements de campagne si pleins de coquetterie (V.4-5). Rien en revanche sur la tenue vestimentaire du petit souillon (V.26), qu'on imagine aisément aussi sale que le personnage. Des oppositions de couleurs renforcent les précédentes : la blancheur et la lumière qui égayent le château frappé par le soleil contrastent ostensiblement avec la face noire du petit pauvre. [...]
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