Dans Modeste proposition, pamphlet contre la société inégalitaire de son époque, paru en 1729, Jonathan Swift, se livre à une critique et à une dénonciation de la situation sociale de son pays. Pour cela, il va utiliser l'arme favorite et caractéristique du siècle des Lumières : l'ironie. Celle-ci va lui permettre, par l'exposition d'une idée en tout point contraire à ses convictions de faire une satire de certains comportements de l'époque tels que ceux de la haute société et du clergé. Ces comportements inacceptables sont alors tournés en dérision, par l'exposition d'une solution, que le lecteur doit percevoir comme sarcastique (...)
[...] Au sein même de ces nouveaux nés destinés à la reproduction, sur une autre proportion, calquée mais légèrement supérieure à celles des bovins, il a estimé que seulement un quart d'entre eux devraient être des "mâles" et non, des garçons ou des hommes. Ce qui insiste sur le caractère "bestial" de cette proposition. En annonçant cela, il se permet alors de faire une critique de sa société qui perd progressivement toute son humanité, en annonçant que "rien ne s'oppose à ce qu'un seul mâle serve quatre femelles" alors que fondamentalement l'Eglise ne tolèrerait jamais rien de tel, puisqu'elle renie tous les enfants hors mariage. De ce fait, les hommes responsables de ces naissances, sont alors qualifiés de "sauvages" (l11). [...]
[...] L'ironie suinte du texte dès la première ligne, lorsque l'auteur choisit délibérément de qualifier l'américain à l'origine de cette révélation de "fort compétent" (l1). En effet une personne respectable et "compétente" n'aurait jamais pu avoir de telles idées, bien que la situation irlandaise de l'époque soit catastrophique. C'est à la ligne que l'énumération de nombreuses suggestions de recettes qui permettent de préparer "un plat délicieux" nous met l'eau à la bouche. A la suite de cela une intervention sarcastique du narrateur par "J'ai tout lieu de croire" et en donnant ensuite quelques exemples de recettes, nous laisse penser que celui-ci envisage sérieusement de cuisiner un nourrisson, puisqu'il se met à proposer des recettes qui n'ont apparemment pas été testées. [...]
[...] Cela permet alors à Jonathan Swift de préciser le pourcentage de catholiques en Irlande qui à l'époque représente 75% de la population ; et c'est afin d'appuyer l'importance de ce chiffre, qu'il va même jusqu'à utiliser l'expression "Grand nombre" (l35) pour qualifier les "nourrissons papistes" (l35). Jonathan Swift finit donc sont extrait très fort, d'une manière très critique, en annonçant explicitement, que l'autre but de son plan est de "réduire [ ] le nombre de papistes" terme péjoratif qu'emploi les protestant afin de qualifier les catholiques. Dans cet extrait, c'est donc d'une manière très violente et ironique, de la première à la dernière ligne, que Jonathan Swift par l'explication de sa "Modeste proposition", pas si modeste que cela, choque et effraye. [...]
[...] Jonathan Swift va commencer par livrer une confidence faite par un américain; celle qu'un bébé peut constituer un "plat délicieux" (l3). C'est alors, par un plan qu'il va qualifier d'"humble" qu'il va proposer une solution pour mettre fin à la misère et à la famine dont est victime l'Irlande. C'est par l'intermédiaire de l'utilisation du pronom personnel de la première personne du singulier que l'on peut relever de nombreuses fois dans le texte: "J'ai connu" "j'ai tout lieu" "je propose" "j'ai avancé" "j'admet" (l27) et du pronom possessif "mes" que l'auteur affirme et montre clairement qu'il est à l'origine de cette proposition. [...]
[...] Cependant, dans les deux dernières lignes de son extrait, Jonathan Swift livre aussi un autre des "nombreux avantages" de sa proposition. Cette dernière affirmation, tend à montrer que le but ultime de cette proposition est en réalité de celui de diminuer le nombre extrêmement important de catholiques en Irlande, qui représentent en effet plus de 75% de la population irlandaise. En donnant ainsi à voir les nourrissons considérés comme de la viande, Jonathan Swift soumet ainsi une proposition bien simple qui permettrait à la fois, aux pauvres de s'en sortir financièrement par la rentrée d'argent que provoquerait la vente de leurs enfants, de mettre ainsi un terme à la famine par l'arrivée massive d'un nouveau met, et de réduire la population catholique d'Irlande. [...]
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