Fiche de lecture de l'ouvrage Jihad, expansion et déclin de l?Islamisme - Gilles Kepel
Le dernier quart du vingtième siècle a été marqué par l?expansion, puis le déclin des mouvements islamistes. Malgré un reflux certain de la religion au sein la sphère privée, dans les sociétés modernes, apparaissent des groupes politiques appuyés sur le Coran et se réclamant du Jihad i.e. du « combat sacré pour la cause de Dieu ».
[...] A partir de mars 89, la majorité des pays musulmans suivent Khomeini. Ils considèrent cependant Rushdie comme un apostat, ce qui sous-entend la possibilité repentir, et n‘envisage pas une fatwa, qui est une condamnation à mort. Khomeini cherche à s‘imposer parmi les communautés d‘immigrés d‘Europe occidentale. Concernant essentiellement une population de travailleurs, ces migrations ont un caractère peu religieux. Celle-ci est pratiquement invisible : les interdits (porc et alcool) sont respectés, la pratique de la prière et de Ramadan est assurée. [...]
[...] L‘échec de la cause islamique relève donc de trois facteurs, à savoir : - l‘épuisement de l‘utopie, par le temps et les pouvoirs qui l‘ont éprouvée ; - Les conflits entre les différentes composantes du mouvement ; - La question de la démocratie ; Cependant peut également apparaître l‘antagonisme social entre les classes moyennes pieuses et la jeunesse urbaine pauvre. Mais surtout, le coup d‘arrêt a été donné par la faillite du projet de révolution iranienne, dans l‘échec du projet politique de la République islamique d‘Iran, qui était l‘incarnation même de l‘utopie islamiste au sens large. La guerre contre l‘Irak a amené le groupe des affairistes liés au pouvoir politico-religieux à confisquer le pouvoir et à éliminer les révolutionnaires. [...]
[...] Cet environnement attire notamment les cadres du mouvement islamique égyptien, les Frères Musulmans, qui déclarent : le coran est notre constitution Cette profusion de cadres et de grandes fortunes issues du pétrole a permis la création secteur bancaire islamique qui financera la mouvance militante. La situation générale de l‘Islam à la fin des années 60 est contrastée. L‘Islam traditionnel n‘est pas anéanti et bénéficie accès privilégié aux milieux défavorisés urbains et ruraux. Cette population à la croissance démographique considérable va engendrer une génération façonnée par cet univers et cette représentation du monde. [...]
[...] Enfin, toujours durant l‘année 89, on peut relever le débat, en France, sur le port du voile dans les établissements scolaires, et la chute du Mur de Berlin qui offre à l‘Oumma des perspectives d‘expansion vers l‘Ouest. Mais cette expansion repose sur des bases sociales fragiles ; l‘alliance entre jeunesse pauvre et classes moyennes pieuses résiste peu au temps. La décennie 90 est quant à elle marquée par l‘apparition de l‘extrémisme, avec le GIA algérien, les Talibans afghans et Oussama Ben Laden. Mais dans son ensemble, l‘islamisme commence à se défaire. C‘est la troisième phase : violence et désagrégation. [...]
[...] L‘explosion de la bombe dans les parkings du WTC pose la rupture de la relation privilégiée entre les Etats Unis et les combattants afghans. Elle a par ailleurs des effets dévastateurs sur l‘expansion de la mouvance islamiste radicale qui est écrasée et discréditée, ne se trouvant pas en phase avec le mouvement social. La masse des sympathisants se restreint alors. Les dirigeants jihadistes trouvent asile dans les pays européens présentant un cadre politique ou financier favorable, notamment dans les pays scandinaves (le GIA algérien s‘établit à Stockholm). [...]
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