Commentaire composé détaillé de la scène 3, acte III (de « Ah ! te voilà, Lisette ? ...» à « cet amour-là, Lisette. ») du livre "Le jeu de l'amour et du hasard", de Marivaux. Il se décompose en deux parties qui traitent pour l'une, des aspects comiques, et pour l'autre, de la torture.
[...] Une délicieuse scène de comédie La rencontre en les trois personnages est, en effet, indéniablement comique. Le comique naît, bien entendu, de la situation, puisque l'on voit Dorante prit à son propre piège figurer dans une scène de théâtre dans le théâtre où tout le monde joue sauf lui : les spectateurs, Silvia et Mario, parce qu'ils disposent de tous les éléments, sont de connivence, et certaines répliques, à son insu, font mouche. Silvia et Mario s'offrent en effet le luxe de s'adresser des clins d'œil et de manier les sous- entendus : ainsi Mario, qui feint la colère, déclare-t-il : Je joue ici un joli personnage ! [...]
[...] Il venait de lui enjoindre de lui laisser le champ libre ! Le même mépris apparent est présent dans la mise au point que Mario fait un peu plus loin : Je ne saurais empêcher qu'il ne t'aime mais je ne veux pas qu'il te le dise : en d'autres termes, les sentiments d'un valet sont son affaire et importent peu pour le reste il ne s'agit que de le faire obéir ! Mais pour blesser son prétendu rival, Mario use d'autres ressources encore : comme s'il craignait de se commettre, il n'adresse la parole à Dorante, sauf pour lui dire Retirez-vous qu'en utilisant la troisième personne, celle à laquelle on recourt ordinairement pour désigner les absents Comment ne pas se sentir cruellement exclus ? [...]
[...] Le jeu de l'amour et du hasard Acte III, scène 3. De Ah ! te voilà, Lisette ? . à cet amour-là, Lisette. Introduction Destinés l'un à l'autre par leurs parents, Silvia et Dorante, principaux personnages de Le Jeu de l'Amour et du hasard ont recouru, sans le savoir, au même stratagème en se présentant sous les apparences de leurs domestiques respectifs. [...]
[...] Face à un tel traitement, il est logique que l'amoureux se tourne vers Silvia et cherche en elle une alliance et un secours : en vérité, il tombe bien mal ! Elle a spontanément, elle aussi, découvert les vertus de la troisième personne : il est triste il ne me le dit plus il dit qu'il attend et, quand elle utilise à nouveau la seconde personne, c'est pour lui conseiller d'obéir à son rival : Cédez, puisqu'il se fâche Mais le jeu des petites perfidies légères ne s'arrête pas là : alors que Dorante prend au tragique les menaces qui pèsent sur son amour, Silvia excelle à se dérober à ses appels en faisant preuve de coquetterie : ce n'est pas ma faute il me défend donc de vous paraître aimable sont des répliques où la femme semble plus pressée de souligner la puissance de ses charmes que d'apporter à un amoureux aux abois les assurances qu'il réclame. [...]
[...] de l'amour ? Je crois qu'il ne sera pas nécessaire qu'on me le défende. Tous ces éléments auxquels on peut ajouter la fausse irritation de Mario, qui n'a d'autre but que de pousser à bout l'infortuné Dorante, concourent à rendre la scène très divertissante ; mais, si l'on y regarde de plus près, en adoptant le point de vue de celui qui est mis sur le gril, la scène peut apparaître sous un tout autre jour en raison de la cruauté qui s'y trouve savamment distillée. [...]
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