La "Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix" fait partie des Ecrits pacifistes de Giono, avec "Refus d'obéissance", "Précisions" et "Recherche de la pureté". Elle est publiée en 1938 et s'adresse aux paysans; Giono lui-même issu du milieu rural sait combien la guerre ruine les campagnes, les dépouille de leurs hommes, de leur matériel et de leurs ressources alimentaires. Ainsi le rapport entre le contenu et le titre du texte est établi : s'insurger contre la guerre, elle engendre la pauvreté. Giono reprend la tradition littéraire de la forme épistolaire; forme très en vogue au XVIIIème siècle (on peut citer la fameuse "Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient" de Diderot. On peut alors s'interroger sur cette forme littéraire en rapport avec son contenu. (...)
[...] A-t-elle créé le droit ? Non, nous avons vécu depuis des temps pareillement injustes. Elle devait être la dernière des guerres ; elle était la guerre à tuer la guerre. L'a-t-elle fait ? Non. On nous prépare de nouvelles guerres ; elle n'a pas tué la guerre ; elle n'a tué que des hommes inutilement. La guerre d'Espagne n'est pas encore finie qu'on aperçoit déjà son évidente inutilité. Je consens à faire n'importe quel travail utile, même au péril de ma vie. [...]
[...] En soulignant l'inutilité de la guerre, Giono tord le cou aux devises et aux dictons. La guerre ne conclut rien dit-il, contredisant ainsi la formule qui présente la guerre comme ultima ratio regum le dernier argument des rois Elle devait être la dernière des guerres ; elle était la guerre à tuer la guerre. L'a-t-elle fait ? Non. On nous prépare de nouvelles guerres ; elle n'a pas tué la guerre dit-il encore comme pour contrer cette autre si vis pacem para bellum qui veut la paix prépare la guerre Conclusion : Allant ainsi contre l'opinion général qui considère la guerre comme une solution, Giono parvient ici sous la forme d'une simple lettre à exprimer ses idées pacifistes et philosophiques. [...]
[...] Comme une lettre traditionnelle le texte est circulaire. - Le ton presque familier ou du moins amical employé par Giono montre sa proximité avec ses destinataires et participe ainsi de la forme épistolaire : vous me direz l'utilisation du gallicisme c'est à plusieurs reprises, c'est son utilité ou de la tournure orale il y a qui revient aussi très régulièrement au long du texte. Il s'agit donc d'une lettre d'un rural à des amis ruraux. - Le style de Giono est à lui seul épistolaire et croirait presque que la lettre s'inscrit dans une correspondance régulière entre l'auteur et ses destinataires Ainsi le rythme est à la fois rapide, scandé, et redondant : nombreuses répétitions comme inutilités ou inutile parfois même chiasmatiques Mais la guerre est inutile et son inutilité est évidente. [...]
[...] Ce qui me frappe dans la guerre ce n'est pas son horreur : c'est son inutilité. liées à une syntaxe déstructurée, sorte de logorrhée qui traduit l'émotion du destinataire face à son destinateur, d'où une certaine intimité. II- Un réquisitoire : - Une oralité qui fait penser plus à discours argumenté qu'à une simple lettre. Le but de Giono est ici de convaincre et même de persuader et cette lettre destinée à la publication prend un caractère officiel. Pour ce faire il fait appel aux sentiments. [...]
[...] Et j'ajoute que malgré toute cette horreur, si la guerre était utile il serait juste de l'accepter. Mais la guerre est inutile et son inutilité est évidente. L'inutilité de toutes les guerres est évidente. Qu'elles soient défensives, offensives, civiles, pour la paix, le droit pour la liberté, toutes les guerres sont inutiles. La succession des guerres dans l'histoire prouve bien qu'elles n'ont jamais conclu puisqu'il a fallu recommencer les guerres. La guerre de 1914 a d'abord été pour nous, Français, une guerre défensive. Nous sommes-nous défendus ? [...]
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