La fascination : Ionesco précise au début de l'acte que des têtes de rhinocéros défilent à l'arrière-plan, de "plus en plus stylisées", de plus en plus nombreuses et qu'à la fin de l'acte, elles s'y "fixeront définitivement". Le héros est donc dans une position inconfortable, seul et dépité, et exprime sa détresse. Le passé composé indique qu'il regrette sa résistance antérieure : "J'ai eu tort !", les exclamations nombreuses également, ainsi que les interjections, "Oh !", "hélas !", "Ah" (...)
[...] La situation du héros en train de se déshabiller devant la glace ou d'imiter les barrissements est caricaturale. Le comique de mots est également présent dans le jeu entre les hurlements et les barrissements ou avec l'oxymore nudité décente Mais la dérision et le comique sont au service de la dénonciation. Une allégorie pour dire non : Il y a dans cette œuvre une certaine forme d'engagement. La révolte s'exprime dans la fin du texte par un lexique évident : sursaut défendrai contre le fait de prendre les armes et surtout la dernière phrase, à connotation guerrière : Je ne capitule pas! [...]
[...] Non, ce n'est pas ça ! Essayons encore, plus fort ! Ahh, ahh, brrr ! Non, non, ce n'est pas ça, que c'est faible, comme cela manque de vigueur ! Je n'arrive pas à barrir. Je hurle seulement. Ahh, ahh, brr ! Les hurlements ne sont pas des barrissements ! Comme j'ai mauvaise conscience, j'aurais dû les suivre à temps. Trop tard maintenant ! Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre. Hélas, jamais je ne deviendrai rhinocéros, jamais, jamais ! [...]
[...] Par ailleurs, Ionesco indique combien il est difficile de résister : Malheur à celui qui veut conserver son originalité! Mais il y en a tout de même qui tourne le dos qui n'accepte pas l'abjection. Même si ici Béranger est le dernier homme il choisit finalement de résister. Je ne peux plus changer dit-il. C'est donc que son humanité était plus forte que la tentation, et son courage est d'autant mis en valeur qu'il a failli, lui aussi, se laisser prendre à la séduction. [...]
[...] (Il tourne le dos à la glace). Comme je suis laid ! Malheur à celui qui veut conserver son originalité ! (Il a un brusque sursaut). Eh bien tant pis ! Je me défendrai contre tout le monde ! Ma carabine, ma carabine (Il se retourne face au mur du fond où sont fixées les têtes des rhinocéros, tout en criant Contre tout le monde, je me défendrai ! Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu'au bout ! [...]
[...] Il observe tour à tour son visage et les rhinocéros qui se trouvent à l'arrière-plan. Les sensations sont nombreuses et variées, visuelles, tactiles, peau flasque auditives, leurs chants Son agitation semble croissante, comme son angoisse et sa mauvaise conscience Il tente donc de les imiter comme l'indique la didascalie. Les onomatopées et ses efforts pour essayer de produire un barrissement sont comiques, mais l'amènent aussitôt à un constat d'échec, comme le montrent les négations, je n'arrive pas . avec de nombreuses reprise, je ne peux pas les interjections, répétitions de Hélas et les exclamations. [...]
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