En 1959, Ionesco publie Rhinocéros, une pièce en trios actes et quatre tableaux représentative du Théâtre de l'Absurde. L'oeuvre met en scène un épidémie étrange : les habitants d'une tranquille petite ville de province se métamorphosent en rhinocéros. Le début de l'acte III crée un parallèle avec le deuxième tableau de l'acte II : Bérenger, qui craint d'être atteint de la rhinocérite, reçoit dans sa chambre son collègue de bureau Dudard. Mais celui-ci se transforme en rhinocéros (...)
[...] La répétition du verbe parler et des substantifs langue et français amplifie le désarroi de Bérenger qui ne trouve plus de sens au langage dans la mesure où celui-ci ne peut plus être partagé. Bérenger est donc le destinataire de son propre discours. Un accessoire souligne cette situation: le miroir se parle à lui-même dans la glace l 32-33). Cependant, Bérenger est cerné par les rhinocéros (rendus présents par leurs têtes et leurs barrissements) et les apostrophes en les désignant par la deuxième personne du pluriel: Vous ne m'aurez pas, moi. Il s'adresse à toutes les têtes de rhinocéros. Je ne vous suivrai pas, je ne vous comprends pas! 18 à 20). [...]
[...] La scène prend ici la dimension d'une farce tragique. L'échec Constat d'impuissance: abondance des phrases négatives Je n'ai pas de cornes l 69, Mais ça ne pousse pas! l 73, Non, ça n'est pas ça! l 84, non, non, ce n'est pas ça l 85-86, Je n'arrive pas à barrir l 87, Les hurlement ne sont pas des barrissements! l 88-89); adverbes seulement répétition de jamais Trop tard maintenant plus 93) définie le caractère définitif de l'impossibilité; opposition entre le souhait et la réalité: antithèse Je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas 93-94) souligne que Bérenger ne parvient pas à abdiquer son humanité et a faire triompher sa part de monstruosité. [...]
[...] ( 49-50); enfin, il se sent coupable d'être un homme J'ai eu tord! l 68, Comme j'ai mauvaise conscience l 89 et Je ne peux plus me voir. J'ai trop honte! l 94- 95). La douleur de Bérenger est traduite par les phrases exclamatives, les interjections hélas l 69 et anaphore l 91, Oh! l 68, Ah l les répétitions Je ne suis pas beau, je ne suis pas beau l 65-66, jamais je ne deviendrai rhinocéros, jamais, jamais! l 92) qui au final prouve sa déploration et son désespoir. [...]
[...] Commentaire Ionesco, Rhinocéros III Le monologue final Introduction En 1959, Ionesco publie Rhinocéros, une pièce en trios actes et quatre tableaux représentative du Théâtre de l'Absurde. L'oeuvre met en scène un épidémie étrange: les habitants d'une tranquille petite ville de province se métamorphosent en rhinocéros. Le début de l'acte III crée un parallèle avec le deuxième tableau de l'acte II: Bérenger, qui craint d'être atteint de la rhinocérite, reçoit dans sa chambre son collègue de bureau Dudard. Mais celui-ci se transforme en rhinocéros; puis, à son tour, Daisy quitte Bérenger. [...]
[...] Mais dans cette impuissance réside son humanité, celle d'un individu ordinaire auquel le lecteur peut s'identifier. Conclusion Le texte ne constitue pas un véritable dénouement dans la mesure où il n'offre pas de véritable conclusion: le rideau tombe sur un action en cours. Le force de ce monologue final tient à son ambiguïté. Faut-il lire dans la résistance de Bérenger un espoir pour l'homme face aux tentations totalitaires ? Ou bien faut-il voir dans l'absurdité de la situation de Bérenger un constat profondément pessimiste sur la condition humaine ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture