La scène IV présente un dialogue entre deux personnages, Mr et Mme Martin. La didascalie liminaire qui introduit leur entrée en scène nous informe sur leur attitude : "Mr et Mme Martin s'assoient l'un en face de l'autre, sans se parler. Ils se sourient, avec timidité." Cette didascalie est paradoxale puisqu'elle induit une gêne qui pourrait s'expliquer par le fait que les personnages ne se connaissent pas (...)
[...] C'est donc une vie de couple sans relief et sans intérêt qui unit les Martin, et c'est cette vision du couple que, par le biais d'une parodie, l'auteur veut nous faire entrevoir. On note malgré tout, dans cette scène de reconnaissance, un contraste frappant entre les deux personnages. En effet, tandis que Mr Martin s'évertue à se rappeler au souvenir de sa femme, Mme Martin refuse toute reconnaissance. Le discours de Mr Martin est essentiellement basé sur l'utilisation de phrases interrogatives marquées par le conditionnel : Ne vous aurais-je pas déjà aperçue, Madame, à Manchester, par hasard ? [...]
[...] Commentaire Littéraire Sujet : Etudier la scène IV de La Cantatrice chauve de Ionesco. Le théâtre de l'absurde est une nouvelle forme théâtrale qui apparaît vers le milieu du XXe siècle. Aussi connu sous les noms d' anti- théâtre théâtre critique ou protestataire métathéâtre ou encore théâtre de dérision il constitue un substitut moderne du tragique classique, dans lequel se cache, derrière de nombreux non sens et illogismes comiques, de réelles réflexions existentialistes, portées la plupart du temps sur la condition même de l'homme et son absurdité. [...]
[...] Dans La Cantatrice chauve, Ionesco utilise le théâtre comme un miroir grossisant de la réalité. Ainsi, par une imitation caricaturale de la scène de reconnaissance, il veut provoquer chez le lecteur ou le spectateur, outre le rire, une réaction. En effet, contrairement à la farce qui fait rire sans arrière-pensée, le théâtre de l'absurde se veut le support de réflexions existentialistes, d'où son nom d'ailleurs de métathéâtre un théâtre qui traite de questions métaphysiques. C'est donc, à travers le comique de la parodie, un rire ambigu que l'auteur veut susciter en nous dans cette scène. [...]
[...] Or ici, on nous présente les Martin comme un couple (en témoigne la didascalie en début de scène III évoquant les époux Martin Il s'agit donc d'une scène de reconnaissance et non de rencontre. On comprend au cours du dialogue qu'il n'y a en réalité pas eu de séparation entre les époux, puisqu'ils ont quitté Manchester le même jour, ont pris le même train, dans le même wagon, et dorment dans le même lit de la même chambre à coucher, dans le même appartement du même immeuble ! Et pourtant, ils ne semblent pas se reconnaître. [...]
[...] La reconnaissance n'aboutit donc à aucun dénouement, qu'il soit tragique ou heureux. Les époux s'embrassent sans aucune expression puis s'endorment Cette scène est donc une fausse scène de reconnaissance, et son inutilité, son inefficacité et sa platitude en font une parodie de ce fameux cliché du théâtre qu'est la scène de reconnaissance. De la même façon, l'auteur joue sur un autre cliché du théâtre comique, le quiproquo. La scène IV de La Cantatrice Chauve a en effet l'apparence du quiproquo : les personnages pensent se connaître mais ne se reconnaissent pas, alors qu'ils sont mariés, ont un enfant et se sont encore vus la veille. [...]
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