Dans la situation d'énonciation, un « je » qui désigne le poète invite une femme (« ma soeur ») à un voyage « ensemble ».
Remarque : à partir du « je » du poète, s'amorce un lyrisme impersonnel. Par souci d'universalité, Baudelaire lui-même écrira (à propos des Fleurs du mal) qu' « il n'y aura plus que les gens d'une mauvaise foi absolue qui ne comprendront pas l'impersonnalité volontaire de mes poésies » (...)
[...] En effet, deux vers de cinq syllabes sont suivis par un vers de sept syllabes pour donner une impression de rapide fluidité. Pour marquer plus de continuité encore, il accole deux strophes de six vers, rythmiquement complètes, en une strophe de douze vers. Ce mouvement fluide de vers à rimes croisées vient s'arrêter sur le refrain à rimes plates. On peut alors poser l'hypothèse que sans doute Baudelaire a-t-il voulu mimer dans les strophes, le voyage même (l'élan des pas, des regards ou du rêver vers les lieux nouveaux) et dans le refrain, l'apaisement intime de l'arrivée. [...]
[...] Avec le monde : dans la 3ème strophe qui se déroule harmonieusement dans un port où Le monde s'endort Dans une chaude lumière Il n'est plus besoin d'un autre ailleurs. Le poète a trouvé l'image de l'apaisement, de la sérénité, de la béatitude. [...]
[...] Il est état d'une correspondance (fondamentale, fondatrice du poème) entre la femme et le pays idéal dans le vers 6 Au pays qui te ressemble ! Remarque : Tout comme dans les poèmes Parfum exotique et La chevelure, on retrouve la recherche d'évasion vers un ailleurs idéal (ou paradis perdu) et la femme médiatrice. On peut dire aussi que c'est à nouveau la femme qui suscite la rêverie de cette ailleurs. Mais, ici, la femme est invitée, elle fait bel et bien partie du voyage. La première strophe est tout entière construite sur ou à partir de cette correspondance fondamentale. [...]
[...] o Dans la 2ème strophe, c'est la lumière douce, feutrée de la chambre o Dans la 3ème strophe, elle est dorée, flamboyante. Le dernier vers Le monde s'endort Dans une chaude lumière indique que l'unité est retrouvée dans la lumière. Conclusion : La femme médiatrice Le poème inscrit la réconciliation du poète avec plusieurs éléments importants : Avec la femme : Dans la 1ère strophe on retrouve mon enfant ma sœur douceur vivre ensemble pays qui te ressemble C'est une sorte de célébration du couple et de l'amour à la fois charnel notre chambre assouvir ( ) désir et spirituel âme esprit songe Et grâce à la femme, il se réconcilie également avec : Avec le temps : aimer à loisir et aimer et mourir évoquent l'attente d'une mort heureuse. [...]
[...] La 2ème strophe, celle centrale, évoque au contraire un intérieur enfermé : la chambre Il y a évocation de la peinture de Vermeer De Delft qui est un hollandais du XVIIème siècle, spécialiste des scènes se déroulant dans un univers clos et évoquant souvent un climat d'oisiveté rêveuse. Ces tableaux sont souvent très lumineux et le peintre possède une très grande maîtrise de l'organisation spatiale, de la géométrie des espaces et des rapports entre personnages et objets. L'Ailleurs idéal Il ne faut pas oublier que la Hollande et les paysages du Nord ne sont les seuls évoqués : l'orient est aussi présent des vers 20 à 23. L' »orient est synonyme de luxe, de richesse, de profusion (d'où les nombreux pluriels) et de sensualité. [...]
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