Fortement incitée à céder aux avances que lui fait Mgr de Saint-Pouange, afin de faire délivrer l'Ingénu, Mlle de Saint-Yves est allée demander conseil à un confesseur jésuite au chapitre précédent et il lui a conseillé, certes implicitement, de « commettre un adultère ».
Dans ce chapitre, après avoir écouté l'argumentation analogue de son amie dévote, elle finit par céder au chantage du sous-ministre. Utilisant les infortunes de la vertu de la jeune dame, Voltaire va se livrer à une critique du clergé et des faux dévots mais aussi de la Cour (...)
[...] lui dit Saint-Yves, que je vous aimerais si vous ne vouliez pas être tant aimé ! Enfin, après une longue résistance, après des sanglots, des cris, des larmes, affaiblie du combat, éperdue, languissante, il fallut se rendre. Elle n'eut d'autre ressource que de se promettre de ne penser qu'à l'Ingénu tandis que le cruel jouirait 45 impitoyablement de la nécessité où elle était réduite. Créature : personne qui doit sa fortune à quelqu'un d'autre. Rendre votre amant au jour : lui faire recouvrer la liberté. [...]
[...] - On ne vous laissera pas approcher, lui dit sa bonne amie ; et, si vous aviez le malheur de parler, mons de Louvois et le révérend père de La Chaise pourraient vous 25 enterrer dans le fond d'un couvent pour le reste de vos jours. Tandis que cette brave personne augmentait ainsi les perplexités de cette âme désespérée et enfonçait le poignard dans son cœur, arrive un exprès de M. de Saint- Pouange avec une lettre et deux beaux pendants d'oreilles. [...]
[...] éperdue, languissante (ligne réduite (ligne rappelant le contexte d'un sacrifice. - enfin, elle est violée (ligne 42 à 45). Sa résistance est parfaitement rendue par l'abondance de la ponctuation et le temps souligné par de nombreux pluriels (après des sanglots, des cris, des larmes, ligne 42). Finalement, elle s'abandonne, non sans avoir auparavant cherché à apitoyer en appelant et en pleurant, à M. de Saint-Pouange dont la domination est suggérée, dans la dernière phrase, par les termes cruel et impitoyablement. [...]
[...] Voltaire fait ici allusion à Mme de Dufrénoi qui était la maîtresse du ministre de la guerre de Louis XIV, Louvois. - une preuve de vertu Loin de le rapporter comme un péché, son amie le souligne, de manière paradoxale, comme une preuve de vertu : c'est un devoir sacré qu'il vous faut remplir (ligne vous ne vous êtes permis une faiblesse que par un excès de vertu (ligne qui sera reconnue (on vous applaudira, ligne 14). Ainsi, seule l'intention compte, le moyen d'y parvenir important peu. [...]
[...] Ainsi, Voltaire dénonce l'hypocrisie des apparences lorsqu'il l'évoque allant à la messe ou à la comédie (ligne soulignant alors le culte du paraître. Conclusion Le sacrifice de Mlle de Saint-Yves apparaît comme la condition indispensable au dénouement. Confronté aux circonstances du sacrifice, le lecteur perçoit que la fin va être tragique : en cédant à Saint-Pouange, la jeune fille débloque la situation, mais se hisse en même temps au niveau des personnages de tragédie qui ne peuvent survivre à la honte. L'héroïne est judicieusement mise en valeur par la tonalité différente de ce chapitre. [...]
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