L'Illusion comique est une pièce que l'on peut "classer" dans le mouvement littéraire baroque, écrite en 1635 par un Pierre Corneille alors au début d'une longue et brillante carrière de dramaturge. Dans cette tragicomédie dont l'auteur confessera lui-même l'irrégularité, Pridamant consulte le puissant mage Alcandre afin d'obtenir des nouvelles de son fils Clindor qu'il n'a pas revu depuis dix ans. Pour satisfaire la curiosité de son visiteur, Alcandre fait apparaître des spectres dans sa grotte qui représentent Clindor et ceux qui l'entourent et qui permettent de suivre ses aventures. Ainsi Pridamant, devenu spectateur, assiste impuissant à l'assassinat de son fils dans la scène 5 de l'acte V. Dans la scène 6 qui suit ce qui semble être un dénouement tragique, il laisse éclater son désespoir jusqu'au moment où il s'aperçoit avec étonnement que la fin est plus heureuse que prévu...
Nous allons étudier un passage de cette scène de dénouement en organisant notre approche autour de deux axes : nous verrons tout d'abord en quoi il s'agit ...
[...] Cette dernière scène met fin au métathéâtre de L'Illusion comique. Grâce à un ultime coup de théâtre, Pridamant et nous autres spectateurs sont désormais fixés sur ce qu'est devenu Clindor dont le métier de comédien épouse à la perfection son caractère changeant et ancré dans le baroque. Alcandre, en réconciliant Pridamant avec son fils et le théâtre, montre une nouvelle fois son pouvoir à travers son éloge. Finalement, le vrai dénouement est heureux pour toute le monde : les préjugés du vieux père sont balayés au cours de cette célébration de l'art dramatique qui parvient si bien à conjuguer l'honneur, la fortune et la gloire. [...]
[...] C'est d'ailleurs pour l'amener à accepter la nouvelle que son fils est comédien que l'illusion a lieu ; c'est l'initiation au théâtre. Finalement, il est rallié à la vision que lui en offre Alcandre, personnage puissant qui parvient à le convaincre. Tout est bien qui finit bien donc, et ce même pour Pridamant, dont les préjugés ont été balayés par l'éloge du théâtre. II. ALCANDRE, MEDIATEUR OMNISCIENT ET CONVAINCANT Un médiateur omniscient Alcandre tente avec succès de faire accepter à Pridamant la nouvelle concernant le métier de son fils. [...]
[...] Ce qui le surprend et l'irrite, c'est d'apprendre le métier de son fils : v.765 "Mon fils comédien!". Dans la petite bourgeoisie du XVIIème siècle, le théâtre est encore très mal considéré. Pour un père qui croyait à un "haut rang d'honneur", c'est un vrai coup de théâtre. - le dénouement correspondant à la fin de l'illusion, on remarque qu'il contient beaucoup de références à l'argent : "argent", "nécessité", "au besoin", "gain", "richesse", "les rentes sont bonnes", "pratiques" . C'est l'aspect matériel et concret, on s'éloigne de l'illusion. [...]
[...] Est-elle tout de suite heureuse pour tous? - cela semble d'abord être un dénouement très heureux aux y.eux du spectateur : tout le monde est réuni, les "discords" joués disparaissent et laissent place à une unité et à une solidarité exemplaire, comme on peut le voir aux vers 1753-1760 : des propos très généraux qui traitent de la troupe dans son ensemble. De nombreux pluriels ("les acteurs"), emploi à plusieurs reprises du pronom "leur" et de la conjonction de coordination : tout cela dans le but d'insister sur la solidarité de la troupe. [...]
[...] Cela a pour but de le faire assumer et d'accepter sans mécontentement la nouvelle. - toujours dans son rôle de médiateur, Alcandre vise à la réconciliation inter-générationnelle : il montre à Pridamant que ses préjugés sur le théâtre sont complétement dépassés. Vers : " à présent" et "aujourd'hui" s'opposent à "votre temps". - Alcandre cherche aussi à consoler Pridamant : vers 1803-1804 : "Et votre fils rencontre en un métier si doux/Plus de bien et d'honneur qu'il n'eût trouvé chez vous" : ce qui est arrivé n'est pas si mal. [...]
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