Dissertation en deux parties, l'une sur la capacité de s'identifier à quelqu'un, et une deuxième spécifiquement sur l'identification, au théâtre, à des personnages.
[...] La situation en devient inversée, on n'est plus acteur (de sa propre vie) mais spectateur de la vie de cet autre dans lequel on se reconnait. Et l'on voit tout ces choses de l'autre coté du miroir. C'est un comportement dénué évidemment de toute logique, de toute rationalité puisque appartenant au domaine de l'affectif, et non de la raison. Notre raison, ne tolère qu'une seule identité. L'on est soi. Et puisque l'on est soi, alors on ne peut pas être quelqu'un d'autre. [...]
[...] Ainsi, la fonction cathartique veut que les personnages du théâtre tragique suscitent terreur et pitié. Le théâtre comique nous interpelle sur notre capacité à rire, à nous moquer, à être ridicule Et pour s'identifier à un personnage ridicule, il faut avoir cette capacité à l'être, tant chez le personnage, que chez le spectateur, ou le lecteur qui s'identifie. Notre capacité d'émotion est donc majoritairement mise en jeu avec le théâtre, et est entièrement associée à notre capacité d'identification à un personnage. [...]
[...] Hors de question d'imaginer par là que l'on n'a pas de personnalité propre, mais l'évolution sur le cours d'une vie, nous entraine à aller chercher, inconsciemment, des raisonnements, des comportements, chez les autres. S'identifier, c'est également rechercher une distanciation avec soi-même. Si je ne suis pas bien en étant moi, je serais peut-être mieux en m'imaginant être quelqu'un d'autre. Lorsque l'on s'identifie à une figure théâtrale, alors on se voit dans ses gestes, dans ses propos, dans son comportement. S'identifier devient alors, avoir une vision extérieure de soi. L'on peut se voir, non plus de l'intérieur, mais de l'extérieur. [...]
[...] La faculté de s'y identifier est bien moins réduite qu'avec un personnage joué sur une scène. Celui-ci, représenté par un comédien sur scène, a un visage, une voix, une démarche, des caractéristiques physique. Le comédien met au service de ce personnage, son corps et sa voix, pour en faire un être de communication. N'alors qu'Alceste, héros du Misanthrope de Molière, n'a, dans la pièce écrite, aucun âge, aucune voix, aucune démarche, Emmanuel Vérité, comédien qui joue son rôle dans la mise en scène de Benoit Lambert, lui prête son jeune âge, sa voix grave Le personnage, lors de la représentation, est réel. [...]
[...] La représentation insuffle la vie à un personnage, et les spectateurs sont bien plus tentés de s'y identifier. L'identification est un phénomène de reconnaissance de soi hors de son corps mais aussi de distanciation avec soi même. Le personnage de théâtre n'étant qu'un masque, on peut se demander comment l'on peut s'y identifier. Mais à la représentation, sous le masque se cache un comédien, qui représente la partie réelle de cet être fictif, ses caractéristiques physiques. Sa psychologie, elle, est née de la plume d'un dramaturge, mais un dramaturge lui aussi humain, qui lui aussi s'est identifié à d'autres personnalités, et qui peut transcrire sous sa plume des caractéristiques lui appartenant, et par cela, bien réelles. [...]
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