Claude Nicolet, pourtant spécialiste de l'histoire de la Rome antique à l'époque classique, signe ici un livre sur sa deuxième passion : la « République ». Cet historien opposant irréductible au présidentialisme de nos institutions actuelles, fidèle de Pierre Mendès France, a voulu faire l'histoire de ses convictions.
[...] On ne peut séparer le recours des républicains à l'opinion de leur conception pédagogique de la politique. Aussi n'y il pas lieu d'opposer l'homme politique qui se fait pédagogue au professeur qui s'aventure dans le débat politique. Si la question scolaire est posée avec tant d'insistance par les républicains, ce n'est pas dans le but d'un endoctrinement politique ou patriotique. La pédagogie républicaine est une pédagogie politique, dans la mesure où elle visera à faire prendre conscience à l'individu de ses droits, mais aussi de ses devoirs envers la collectivité qui l'accueille. [...]
[...] Jouons le jeu, prenons-les au sens de leurs mots, et voyons à quelles conditions peut se comprendre et se justifier leur langage. (L'idée républicaine, p.34). Le lecteur doit donc être sans cesse conscient que le républicanisme imprègne le livre jusque dans sa méthode d'analyse et d'écriture. En effet l'argument de la méthode scientifique de recherche ne saurait être assez fort pour évacuer les soupçons à l'encontre de l'auteur. La limite entre l'idée républicaine selon Nicolet et l'idée républicaine dans ce qu'elle a d'absolu et incontestable est incontestablement floue. [...]
[...] Elle part de la souveraineté du peuple pour fortifier la souveraineté de l'individu, et c'est parce qu'elle veut le gouvernement de l'homme par lui-même, qu'elle conclut au gouvernement du pays par le pays.( La répétition du mot gouvernement est instructive : c'est bien le mot clé des républicains, depuis Saint-Just, Robespierre et Billaud-Varenne jusqu'à Ferry et Mendès- France (L'idée républicaine en France, pp. 480-481). C'est pourquoi se pose le problème de la valeur constitutionnelle de la Déclaration des droits de l'homme, et l'importance donnée au dogme de la souveraineté de la loi, du moment où la loi est supposée être l'expression de la volonté nationale (l'Idée Républicaine, p.357). La théorie républicaine connaît ici une tension interne très importante, entre la reconnaissance de la valeur absolue de la Déclaration des droits de 1789 et la défense de l'omnipotence de la loi. [...]
[...] Une fois encore, cela revient à mettre en avant la nécessité de l'éducation. La République s'est mise en place progressivement en fondant la tradition républicaine et un régime d'assemblée, une république laïque et anticléricale qui veut unifier le corps social par l'éducation ; elle exalte un sentiment national et devient nationaliste et impérialiste. Ses hantises sont le coup d'Etat, le césarisme, la restauration, et surtout le cléricalisme. Regardons désormais comment cette première partie de l'ouvrage fait interférer des perspectives différentes. [...]
[...] C'est cette liberté, cette liberté d'action de l'héritier qui permet des évolutions du patrimoine historique et l'émergence de tendances longues en son sein. Et, précisément, le but de C. Nicolet dans la seconde partie de son ouvrage intitulée la critique de la raison républicaine est de découvrir une unicité de l'idée républicaine au milieu du foisonnement des doctrines. CRITIQUE DE LA RAISON REPUBLICAINE En effet, il affirme que malgré les apparences, de grandes idées traversent et structurent la doctrine républicaine, les circonstances historiques ayant enraciné des habitudes. [...]
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