Commentaire du poème en prose de Francis Ponge intitulé "L'huître", tiré de Parti pris des choses) sous la forme d'un plan très détaillé avec parties et sous-parties.
[...] 1 Commentaire de L'huître poème extrait du recueil Le Parti pris des choses (1942), Francis Ponge TEXTE L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. [...]
[...] Si huître = un monde, alors une leçon sur notre monde La genèse de la terre (sans Dieu). Ce monde est évoqué sans créateur. Au contraire l'évocation des cieux qui s'affaissent sur d'autres cieux pour mettre au monde la mare renvoie à la mythologie grecque, dans laquelle Ouranos, le ciel, s'allonge sur Gaia (la terre, sa mère), pour mettre au monde les titans, (dont Cronos, qui castra son père avec une faucille, acte qui symbolise la séparation du ciel et de la terre), parce qu'il empêchait de vivre ses enfants. [...]
[...] L'huître est même assimilée à la Terre : o Termes dénotant la rondeur : galet ronds blancs une perle o Les termes de cieux et de firmament confirment le rapport entre l'huître et la Terre. 3 o Ponge souligne en outre le contraste entre l'extérieur et l'intérieur, typique lui aussi de la Terre : à la dureté de l'huître close s'oppose la mollesse gluante de l'intérieur, à la minéralité externe s'oppose le caractère aquatique de l'intérieur à boire et à manger o Certains termes du paragraphe consacré à l'intérieur possède ainsi des termes qui connotent la viscosité, la mollesse : les cieux d'au-dessus s'affaissent ; l'intérieur de l'huître forme un sachet visqueux D'autres termes suggèrent la présence de l'élément liquide : c'est le cas du substantif mare des verbes boire des verbes fluer et refluer o Ces deux verbes renvoient d'ailleurs à la marée avec cette idée de flux et de reflux. [...]
[...] Approcher la matérialité des choses grâce à celle des mots : écrire en choisissant des mots dont les sonorités et l'aspect correspondent aux réalités qu'ils sont chargés d'évoquer L'analogie macrostructurelle entre le texte et la chose Le texte essaie de donner l'image de ce dont il parle (au niveau du texte en général). Le texte mime son objet (cf. calligrammes). Le poète essaie de rendre compte de la forme de l'huître par la forme du texte. D'abord, les deux paragraphes consacrés à l'intérieur de l'huître équivalent à la longueur du paragraphe dévolu à l'extérieur. + mouvement du texte : de l'extérieur à l'intérieur. De plus, la longueur de chacun de paragraphes est adaptée à la taille des réalités qu'ils évoquent. [...]
[...] Le poète est celui qui pénètre au cœur des choses pour en extraire la perle, métaphore de l'essence. De la même façon que l'huître produit, par un travail patient et secret la merveille de sa perle, le poète est celui qui, à force de méticulosité et de rigueur dans son travail, parvient au miracle de la formulation. Comme l'huître finit par formuler sa perle, le texte finit en effet, lui aussi, par laisser perler une formule idéale Le lecteur et l'œuvre Comme l'huître, le texte est un objet d'apparence banale qui dissimule en son sein quelque chose de valeur. [...]
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