La poésie, le langage de la sensibilité, chante les grandes émotions et les hantises de l'homme ; ainsi, la fuite du temps, thème lyrique universel, se trouve évoquée dans de nombreuses oeuvres poétiques.
Le texte de Victor Hugo, "Soleils couchants", composé en 1828, à l'époque du Romantisme, et publié dans le recueil Les Feuilles d'automne en 1831, se rattache à cette tradition (...)
[...] ainsi que dans les expressions "tous ces jours" et "chaque jour". Le temps apparaît aussi comme un être en fuite, abstrait, insaisissable. De nombreux procédés poétiques soulignent cette marche en avant : une alternance permanente et infinie de substantifs et adverbes : "soir" v "demain", "soir", "nuit" v "aube" v "nuits", "jours" v "tous ces jours" v. la personnification mise en évidence par sa place en fin de quatrain et la tournure exclamative; ainsi que le rythme très haché de l'alexandrin régulier: " Puis les nuits, / puis les jours, pas du temps / qui s'enfuit ! [...]
[...] Les anaphores et les répétitions multiples renforcent encore plus l'impression de lourdeur : l'orage, et le soir, et la nuit” puis l'aube et ses clartés” puis les nuits, puis les jours” “tous ces jours passeront ; ils passeront en foule” Et la face des eaux, et le front des montagnes Ridés et non vieillis, et les bois . Le lyrisme du poète diversifie donc les procédés pour traduire l'écoulement inéluctable du temps ; il viendra un soir où l'homme se couchera pour ne plus se relever . mais un jour nouveau viendra toujours après le coucher du soleil. [...]
[...] L'opposition se marque aussi par la composition de l'ensemble, où la dernière strophe se détache des précédentes par la conjonction mais” et l'irruption du pronom absent jusque-là ; ce contraste ne fait que renforcer la solitude du poète face à une nature diversifiée et multiple, placée sous le signe du pluriel : donc riche et renouvelable. Selon la vision de l'auteur, la nature, éternellement belle, est donc aussi quelque peu ingrate. En conclusion, à travers ce bref texte amer et mélancolique, nous percevons le romantisme de Victor Hugo, sa sensibilité à une nature qui, personnifiée, conduit l'écrivain en face de lui-même et en butte au tragique de l'existence. [...]
[...] Le soleil couchant et sa charge symbolique suscitent le lyrisme élégiaque de ces vers ; celui-ci se manifeste au moyen des rythmes ainsi que par l'effet musical des anaphores et des rimes. Dans les accents du poème, l'auteur a peut-être servi de référence à Jules Laforgue, jeune auteur de la fin du même siècle, lui aussi contemplatif face au cosmos et conduit de même à une méditation angoissée et légèrement métaphysique. [...]
[...] En effet : Strophe 2 Strophe 3 mers” bois” monts” fleuve” fleuves” monts” forêts” flot” mers” En outre, le champ lexical de l'eau, relativement plus développé, peut symboliser la fuite du temps : mers fleuves eaux fleuve flot Face à cela, pour l'homme, la vie apparaît comme une tragédie, un voyage, une marche vers la mort ; le poète traduit ce processus au moyen de l'antithèse entre les verbes s'iront rajeunissant d'une part, et je m'en irai je passe d'autre part. L'oeuvre du temps permet enfin d'opposer l'homme et la nature : une personnification met en relief le contraste : la face des mers et la face des monts Et la face des eaux, et le front des montagnes Ridés et non vieillis ( . s'iront rajeunissant” . Pour la nature, le mouvement ondulé n'est pas signe de vieillesse, mais de vie : les vagues de la mer, les plis des montagnes. [...]
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