Victor Hugo (1802-1885) est une des plus grandes figures de la littérature du XIXe siècle. Poète, romancier, dramaturge, chroniqueur et homme politique, il fut aussi le chef de file de l'école romantique française, et un auteur engagé. Il dut s'exiler à la suite du coup d'état de Napoléon Bonaparte du 2 décembre 1851.
[...] Ma foi, j'ai pris la fuite et j'ai changé de nom. A présent je ne suis qu'un joyeux compagnon, Zafari, que hors vous nul ne peut reconnaître, Vous ne me donnez pas du tout d'argent, mon maître ; 155 Je m'en passe. Le soir, le front sur un pavé, Devant l'ancien palais des comtes de Teve, - C'est là depuis neuf ans, que la nuit je m'arrête - Je vais dormir avec le ciel bleu sur ma tête. Je suis heureux ainsi. [...]
[...] 130 Vous n'êtes pas honteux? . Don César. Je n'aurais jamais honte De mettre un bon pourpoint, brodé, passementé, Qui me tient chaud l'hiver et me fait beau l'été. - Voyez, il est tout neuf - (Il entrouvre son manteau, qui laisse voir un superbe pourpoint de satin rose brodé d'or.) Les poches en sont pleines De billets doux au comte adressés par centaines Souvent, pauvre, amoureux, n'ayant rien sous la dent, J'avise une cuisine au soupirail ardent D'où la vapeur des mets aux narines me monte. [...]
[...] L'on vous traite ainsi, beautés à l'œil mutin! 120 A qui je dois le soir mes sonnets du matin! Don Salluste. Enfin, Matalobos, ce voleur de Gallice Qui désole Madrid malgré notre police, Il est de vos amis! Don César. Raisonnons, s'il vous plaît. Sans lui j'irais tout nu, ce qui serait fort laid Me voyant sans habit, dans la rue, en décembre, La chose le toucha. - Ce fat parfumé d'ambre, Le Comte d'Albe, à qui l'autre mois fut volé Son beau pourpoint de soie . [...]
[...] CCN : Don César est ainsi un personnage attachant et de qualité malgré sa condition de marginal, figure récurrente du romantisme, un incompris et un rêveur, brillant mais qui ne trouve pas sa place dans la société. Cette scène mélange donc les genres et les registres, ce qui est une caractéristique du drame romantique, comme le souligne la Préface de Cromwell, pour présenter deux personnages importants de la pièce. César gardera ce rôle de l'ombre dans toute la pièce, mais restera loyal. Il est évident qu'il ne pouvait s'entendre avec Don Salluste, qui représente le mal. C'est un personnage qui rappelle Hernani. [...]
[...] César est un misérable, un noble ruiné. Son discours marque l'opposition entre sa situation antérieure, comte de Garofa et celle qui est la sienne, à présent au moment où il parle, joyeux compagnon euphémisme pour désigner un brigand. C'est aussi un personnage de l'ombre, le vers 160 utilise une gradation pour signifier qu'il a disparu pour les autres, et son nom d'emprunt exotique l'indique aussi, Zafari dont il est très fier. Il porte en quelque sorte un masque, son habit négligé cache un superbe pourpoint volé. [...]
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