Apothéose lyrique, marquée par l'exil à Guernesey et le décès de sa fille adorée Léopoldine (qui doublera son exil politique d'un exil affectif), l'auteur y part à la découverte solitaire du moi et de l'univers (...)
[...] Il est présenté avec sympathie : Le bonhomme Corneille (vers 19) qualifié de humble et répondant au purisme de Racine. On trouve dans la langue de Corneille, blotti dans son vers (vers un mot manquant de noblesse. La préférence de Hugo semble être basée sur la résistance de Corneille aux exigences classiques, refusant de modifier son vocabulaire (Il le gardait, trop grand pour dire : Qu'il s'en aille, vers 17). Enfin, on note dans les vers 18 et 19, l'opposition entre l'hystérie d'un Voltaire défenseur intolérant du classicisme (Et Voltaire criait : Corneille s'encanaille et la noble humilité, la liberté du bonhomme Corneille. [...]
[...] Le mot devient alors une fleur accueillant l'idée, qui y puise une substance tout comme l'abeille butine le pollen. Ainsi est symbolisée la pureté de l'idéal par l'azur (vers témoignant que tous les mots, sans exception, doivent servir les idées, toutes les idées, abstraites ou concrètes. L'esthétique du contraste est clairement soulignée par le chiasme du vers 30 : Au peuple noir des mots l'essaim blanc des idées où la couleur noire fait allusion à l'encre matérialisant les mots sur une page blanche, et l'essaim blanc suggérant l'aspect immatériel de l'idée. [...]
[...] Enfin, au dernier vers, il est manifeste qu'il commence déjà à appliquer ce que son discours prône : Je nommai le cochon par son nom. Cette seconde partie est l'occasion d'un parallèle entre la révolution de 1789 et les bouleversements sociétaires liés et le poète, assimilé à un révolutionnaire des mots et du style. Ainsi, la contestation de la norme s'exprime par : .aux vers 25 et 26, la métaphore de circonstance un vent révolutionnaire ; l'emblème du bonnet phrygien (bonnet rouge) et le vieux dictionnaire .la rencontre de résistances, bien naturelles dans un tel contexte conflictuel : les bataillons d'alexandrins carrés (vers le terme militaire de bataillons appartenant là au registre héroï-comique .l'apparition de réactions des partisans du classicisme, rapidement évoquées au vers 33 par l'expression ironique discours affreux. [...]
[...] C'est le passé qu'il va bouleverser. Le pronom personnel je en est totalement absent, signifiant le caractère étranger de l'auteur à cette période. Seule la troisième personne du singulier ou du pluriel apparaît . des vers 20 à 40 : cette fois-ci, seul le passé simple apparaît, temps de l'action précise, décisive. Dès le vers 21, le pronom je apparaît justement comme un brigand sorti de son repère. Une telle construction ainsi que des manifestations satiriques inscrivent cet extrait dans le registre polémique. [...]
[...] Conclusion Réponse à un acte d'accusation traduit admirablement le combat de Victor Hugo, fondateur de l'esthétique romantique, ayant contribué, comme Baudelaire, au renouvellement de la poésie et de la littérature. Il s'agit là d'une poésie polémique et satirique, établissant un parallèle analogique entre la grande Révolution de 1789 et la révolte contre les règles classiques. L'engagement de l'auteur contre le classicisme n'est pas dissociable de son enthousiasme politique, de sa fascination pour le geste révolutionnaire. Du reste, l'inspiration et l'enthousiasme s'opposent nettement, chez les romantiques, à la réflexion et à la sérénité des classiques. [...]
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