Commentaire composé de Littérature niveau Licence sur le poème "Puisque le juste est dans l'abîme" tiré du recueil Châtiments de Victor Hugo. Ce poème évoque son exil à Jersey, qu'il voit comme une peine mais aussi une source d'inspiration.
[...] Grace aux apostrophes, une communication s'installe ainsi, dans une émotion grandiloquente, avec des compagnons de solitudes, - grave statue/qui vient s'assoir à mon coté, à qui mon cœur sourit et d'émigration : vous retrouve, fière, exilée, grand proscrit On croit reconnaitre ici le principe stoïcien de l'amor fati (amour de son destin) : dans les temps difficiles, le sage qui ne peut maitriser le cours des choses, gouverne ses sentiments et trouve la liberté et le bonheur dans l'adversité. Ce volontarisme trouve un juste rythme dans l'énergie des octosyllabes (cf. [...]
[...] Hugo construit sa propre image, et les vertus, par des qualificatifs qu'il leur donne, deviennent ses reflets : fière, exilée, grand proscrit, altière pauvreté Elles l'ennoblissent et le parent : tristesse sois mon diadème De même dans le tableau assombri qu'il donne de l'île porte aux vents battues, île solitaire, mer noire il brosse le décor idéal, romantique de cette majestueuse tristesse. Ainsi les nobles sentiments, déjà notés à Bruxelles J'aime la proscription, j'aime l'exil peuvent- ils devenir une arme pour le poète ? Ce dualisme est d'ailleurs caractéristique du romantisme. Un autre thème du romantisme couronne le poème : celui de l'homme et de la mer. [...]
[...] Corps La construction du poème le rappelle : système de cause à effet, il puise son énergie dans l'amphore des puisque qui dressent qui dressent dans les trois premières strophes un réquisitoire contre la France déshonorée. S'y développent le champ lexical de la déchéance : abîme, crime, trahis, morne et bornes fournissent les cinq premières rimes ; les rejoignent déshonneur, affaiblie, ramper, oublier Le on méprisant confond dans le même anonymat les acteurs on donne le sceptre les complices on colle, on vient avec des échelles les témoins passifs les plus fiers, tout âme du coup d'Etat, et de la proclamation de l'Empire. [...]
[...] Le premier, l'oiseau, est une figure emblématique du romantisme : il désigne ici l'essor, l'élan, la liberté, mais aussi l'énergie (par les verbes de mouvement), la beauté qui secoue en perles l'onde et l'espoir comme l'âme sort des douleurs Plongeant, puis sortant de l'eau noire qu'il transforme en perles (comme des ténèbres jaillira la lumière), ne figure-t-il pas ainsi, avant l'Albatros de Baudelaire, le poète ou l'écriture poétique ? La mer elle-même est par ailleurs profondeur et mystère Elle est aussi une voix, plainte éternelle, chambre d'écho (ce que souligne le parallélisme des deux derniers vers). Elle est enfin figure de la noirceur, à la fois deuil et obscurité. Elle participe ainsi, sans qu'on puisse totalement expliciter sa symbolique (cf. [...]
[...] Conclusion C'est Jocrisse à Patmos disait une des victimes des châtiments Pourtant, qu'Hugo soit devenu meilleur dans l'exil, aucun critique n'en doute. Il y a ressourcé, comme on a pu l'observer dans ce poème, son art romantique en y fondant le combat pour les plus hautes valeurs contre le despotisme, l'exaltation du moi et le dialogue et le dialogue avec l'invisible, par l'intermédiaire de la nature et tout particulièrement de la mer. On peut penser que le poète ici pose comme il se fera complaisamment photographier sur le rocher des proscrits, à l'écoute de l'Océan ou de Dieu. [...]
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