Victor Hugo, "Les Châtiments", "Nox" : commentaire composé

Résumé du document

Le poète se définit d'abord comme "le banni", à la fois porte parole et vengeur des victimes du Coup d'Etat du 2 décembre, les exilés, les enchainés, ceux qui ont été massacrés (str. 5 : rime corbeaux/tombeaux.) Il est lui même souffrant car il semble lui même surgir d'entre les morts, et aussi l'attitude, empreinte de nostalgie et de regret (...)

Extraits

[...] Le texte progresse vers les deux ultimes images(les plus prophétiques), celles de l'orage puis celle du réveil mais il s'agit de l'âme des morts(dernier vers). Ce qui est paradoxal pour un texte tourné vers le futur. On comprend que ces symboles de vie annoncent une libération future en s'appuyant sur l'évocation des martyrs subis pendant le régime de Napoléon(censure, arrestations et exécutions arbitraires). Cela se justifie par une prise de conscience mais aussi pour asseoir la vigueur et la véhémence accusatrice. [...]

[...] Une poésie tournée vers le futur, chargée de porter un appel au peuple Le ton prophétique est très explicite à partir de la 3ème strophe(cf l'anaphore initiale, fondatrice, déjà au centre du poème, quasi géométriquement: Et ses paroles . / Ses paroles, la strophe préparant la et les suivantes: 4ème strophe. Elles feront frémir . avec désormais substitution du pronom elles au substantif.) L'aspect de parole prophétique permet d'évoquer la dimension d'oralité, avec un effet d'interpellation accusatrice et de violence verbale. Il y a une impression de discours direct. [...]

[...] Plus précisément, le titre du poème liminaire "Nox" symbolise la perte de la liberté, la Chute et l'avènement du Mal, à savoir l'arrivée de Napoléon III. C'est dans ce contexte qu'il convient de se demander comment la poésie peut donc dénoncer la société? Il convient donc d'étudier le poème en justifiant sa position de poème liminaire d'une oeuvre engagée notamment en analysant le rôle du banni et de ses fonctions. Dans une première partie, nous verrons qu'il s'agit d'un poème liminaire d'une oeuvre engagée et dans une deuxième partie, il conviendra d'analyser la forme et la fonction du poète. [...]

[...] Le poème est construit sur 2(voire 3 avec l'image c'est à dire métaphores et comparaisons) procédés majeurs : l'anaphore et la gradation. Dans la strophe il y a une émergence de la voix qui s'élève contre l'oppression est peuple français qui s'élève contre l'oppression sous le pied d'un tyran »qui a l'air de surgir du tombeau. Dans la strophe banni debout apparaît au terme de ce surgissement. Il est debout, s'élève contre la tyrannie, par opposition au peuple prosterné et opprimé devant Napoléon III. [...]

[...] Dans la strophe 3 il y a une montée des paroles comme une menace, comme une épée. Enfin, dans la strophe suivante, les paroles sont dirigées vers le haut(les monts, les arbres, le ciel noir) contre le pouvoir usurpé. La poésie comme esprit annonçant l'éveil et l'orage, métaphores clés. Comme on le voit, il y a au centre de la construction de ce poème la gradation sur les paroles du poète, sur leur trajectoire, et donc symboliquement sur leur portée, leur destination et donc leurs significations. [...]