En 1856 (situation), Hugo publie, dans son recueil (caractérisation) La légende des Siècles (situation), un poème (caractérisation) intitulé L'échafaud dans lequel il se place en tant que spectateur d'une exécution. Le propos rend compte des pensées qui le traversent et donne à voir toute l'horreur que ce châtiment lui inspire. Vingt cinq ans plus tard, en 1881 (situation), si le genre littéraire retenu ne change pas (caractérisation) - pas plus que le titre L'échafaud - le discours, lui, a quelque peu évolué (...)
[...] Qu'il s'agisse du texte de 1856 ou de celui de 1881, on remarque la présence de son auteur : J'étais là je pensais (vers j'étais je regardais (vers je songeais (vers pensai-je (vers 51) pour le premier et Moi je veux (vers je mure j'ouvre (vers 25) pour le second texte. Toutefois, force est de constater une différence essentielle entre ces deux poèmes. En effet, dans L'échafaud de 1856, Hugo se présente, se donne comme un simple spectateur qui assiste à une décapitation. Il donne à voir les pensées, les réflexions, les sentiments que cette funeste vision lui inspirent. Ainsi, peut-on noter la présence de verbes qui traduisent ce mouvement, cette réflexion intérieure : pensais (vers 19-51), songeais (vers 36). [...]
[...] Il tente, par ses vers, d'amener le peuple à lui. C'est pourquoi, dans le poème de 1881, l'utilisation fréquente du pronom nous et de ses dérivés morphologiques est capitale. Victor Hugo cherche ainsi à ouvrir les yeux de ses compatriotes : Nous sommes tous (vers nous voyant (vers nos (vers notre (vers 63- 64-65-66), nous en répondons (vers 63). Une mission sociale, politique même est donc attribuée au poète. Déjà en 1841, dans son discours d'entrée à l'Académie, Hugo disait que son rôle était de civiliser les hommes par le calme rayonnement de la pensée sur leur tête ajoutant alors : voilà aujourd'hui la mission, la fonction et la gloire du poète. [...]
[...] Guillotiner un homme n'est pas un acte anodin. Il serait ridicule de le penser, tout comme il serait ridicule de croire que de ce meurtre, il ne reste qu'une petite tache imperceptible et rouge (vers 9). La litote est donc là pour heurter davantage le lecteur qui sera surpris par ces différentes tournures phrastiques qui font mine d'atténuer ce qui ne peut et ne doit l'être : la mort d'un homme. Les deux poèmes mettent en avant cette pratique, ce châtiment, cette condamnation judiciaire. [...]
[...] On a donc une absence textuelle compréhensible mais somme toute assez violente. Sa mort est totale : il disparaît de la vie comme il disparait du texte. Dans le poème de 1881, en revanche, le condamné est omniprésent même une fois exécuté. On trouve ainsi plus d'une dizaine d'occurrences le désignant : affreux trépassés (vers suppliciés (vers un homme (vers coupable immolé (vers monstres (vers un homme (vers 61). Mais cette omniprésence se révèle inquiétante : Hugo joue sur la peur et fait de ces condamnés à mort des esprits qui hantent le texte et la conscience de ceux qui condamnent la peine capitale : fantômes sans tête (vers spectres jetant leur ombre (vers 12). [...]
[...] Ainsi donc, on remarque que le cadre spatio-temporel est important tant dans le texte de 1856 que dans celui de 1881. A la manière d'un peintre, Hugo réalise un tableau dont le sujet reste l'échafaud mais dont les atmosphères se révèlent être assez différentes. Si l'auteur crée une ambiance pathétique dans son premier poème, il l'abandonne quelque peu vingt cinq ans après au profit d'une atmosphère plus inquiétante, plus angoissante, plus sinistre. Phrase qui conclue la partie 2 Ces deux poèmes donnent par ailleurs à voir les différentes missions et fonctions que Victor Hugo attribue au poète. [...]
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