Les Châtiments : oeuvre destinée à la "flagellation de tous les drôles et du drôle en chef", écrite et publiée en exil pour dénoncer le coup d'état et le pouvoir usurpé de Louis-Napoléon Bonaparte qu'ailleurs Victor Hugo appelle "N le Petit", pour mieux l'opposer à Napoléon Ier. Par trois fois Victor Hugo a recours au genre de la fable ; ici la duplicité du titre invite d'emblée à une double lecture (...)
[...] Fonction prophétique du poète selon VH : il est bien celui qui, grâce à la force du verbe met à nu la vérité. Posture très hugolienne que de se dresser seul contre tous (cf Ultima verba) ; geste crédité par la parole de l'exilé L'ambigüité du titre : le poète invente la fable, mais sa création dit aussi l'Histoire Conclusion L'emprunt au genre classique de la fable donne à ce poème d'exil une double fonction : celle de dénoncer l'imposture et l'illusion le fait LF dans l'Ane vêtu de la peau du lion dans une dimension universelle, celle aussi de dénoncer les abus de son temps, ici en dénonçant les exactions du tyran. [...]
[...] Par trois fois Victor Hugo a recours au genre de la fable ; ici la duplicité du titre invite d'emblée à une double lecture. Une histoire en forme de fable une fable animalière Hommage implicite à La Fontaine auquel Hugo emprunte le sujet l'âne vêtu de la peau du lion + le loup devenu berger) + un début qui renvoie à fable animalière traditionnelle : temps et animaux indéterminés : un jour un singe, un tigre ; antéposition de l'adjectif qui renvoie à langue classique Des animaux fortement connotés : le tigre a moins de noblesse que le lion et connote davantage la cruauté ; le singe, animal ridicule voué à l'imitation un récit dramatique Trois étapes : situation initiale au passé simple, entrée immédiate dans l'action jour ; les péripéties cruelles ; un dénouement brutal et rapide : 17-20 Temps verbaux : passé-simple et imparfait ; nombreux passé simple : valeur dramatique ; passage à l'imparfait v 10-17 marque l'installation du singe dans son nouveau rôle Descriptions réduites : décor limité à la forêt : halliers, nuit, bois, épines, forêt, antre, caverne ; forêt est symboliquement un espace de non droit ; antre et caverne marque le retour à sauvagerie primitive Recours au style direct : discours qui éclairent ces actions et trahissent leur auteur. [...]
[...] A l'obéissance passive , II VIII ) Comme dans ce précédent poème, il semble surgir du néant (seul homme ds l'univers animalier), se dresser spontanément face au mystificateur pour mettre fin à la supercherie tragique. Mais alors que dans A l'obéissance passive Hugo parle d'écraser du pied l'antre et la bête fauve / L'empire et l'empereur ! dans la fable, le belluaire se contente de ridiculiser le vainqueur A la violence, il oppose la puissance du verbe avec la forme restrictive tu n'es qu'un singe v.20 choix révélateur des temps : du passé simple, temps révolu de l'illusion au présent de la révélation. [...]
[...] Pouvoir désigné comme illégitime : s'embusqua brigand des bois Parole vaniteuse et tapageuse : champ lexical du bruit grincer des dents criant s'écriait, affreux rugissements ; inflation du moi soulignée par contre rejet v 5 et double périphrase sur deux hémistiches v 6 (périphrases ambivalentes : valorisantes vainqueur, roi et inquiétantes halliers et nuit soulignent sauvagerie et menace) ; v 14-16. Se donne à voir (regardez admirez, voyez) ; redondance du discours et des actes, auto proclamation, rôle surjoué (méchant=> atroce) portrait du poète en belluaire ? Ce n'est pas la première fois que le poète se met lui-même en scène comme un belluaire ( cf. [...]
[...] Variété des rythmes : alexandrins isolés marquent les étapes du récit ( 17). Enjambements et rythme accumulatif pour marquer ivresse destructrice et despotique qui s'empare du personnage 10, 13-16 = périodes de plus en plus longues) soulignée par allitération en R v 15-16 une morale implicite Contenue dans les trois derniers vers : une seule phrase : rapidité et facilité (s'oppose à long récit des cruautés du tigre) ; morale incluse dans le récit : réussite devant les bêtes et échec devant le belluaire ; morale en forme de conclusion, intégrée à la fable par la parole du belluaire Rupture avec ce qui précède : longue description des actions et des prises de parole du singe, rapidité des actions simples du belluaire ; passage du vocabulaire de la terreur à celui de l'univers familier le saisit dans ses bras comme on déchire un linge De sujet omniprésent (6x il en tête de vers), le singe devient objet le saisit dans ses bras Echo néanmoins au reste de la fable : tournure restrictive dévalorisante tu n'es qu'un singe qui s'oppose à je suis un tigre : le singe ne fait peur qu'à ses semblables : les bêtes l'admiraient ; mais l'homme courageux ne se laisse pas prendre (personnage du belluaire : dompteur qui connaît les vrais fauves) ; reprise ironique du mot vainqueur je suis le vainqueur des halliers dans mit à nu ce vainqueur ; retour au point de départ (la fable s'ouvre et se clôt sur le mot singe ; la morale pourrait être celle du loup devenu berger de la Fontaine : toujours par quelque endroit fourbes se laissent prendre Mais le titre nous invite à une autre lecture II) Une fable au service de l'histoire les allusions à l'histoire le personnage de Napoléon III n'est jamais ainsi nommé (pour Hugo il est innommable) ; apparaît souvent sous la figure du singe, pâle copie de son oncle. [...]
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