Quatorzième poème de Pauca meae (quelques vers pour ma fille), livre IV des Contemplations, le poème ouvre la deuxième partie du chef-d'oeuvre de Victor Hugo, « Aujourd'hui 1843-1855 ». Publié en 1856, il est écrit en octobre 1847 et modifié en septembre, à la veille du triste anniversaire de la mort de Léopoldine.
Ici Hugo, bouleversé par cette disparition s'adresse à sa fille. Il évoque son traditionnel voyage sur sa tombe et laisse transparaitre sa douleur. En quoi cette sorte de pèlerinage ajoute à la plainte traditionnelle de poète romantique celle du père aimant ? (...)
[...] Il semble ainsi de plus en plus près d'elle et le lecteur près de la fin de la lecture. Tout semble également suivre une même direction descendante, vers la tombe de la personne aimée : le lecteur, le poète écrivant, le père voyageant, la nuit qui tombe, les voiles qui descendent. L'idée de pèlerinage est ainsi confortée. La régularité du vers suivant avec césure à l'hémistiche que souligne la virgule dénote une certaine solennité. Le poète évoque enfin son but. [...]
[...] On passe en effet dès le premier vers, du voir de la strophe précédente au regarderai Une plus grande précision mais aussi une plus grande volonté de la part du poète que marque le verbe non pas à l'infinitif mais conjugué à mode personnel et toujours au futur, que marque également la tournure négative et sa répétition dans le vers ne ni La métaphore du couché de soleil vient ici conclure le poème. Ce premier vers du dernier quatrain fait échos au premier du premier à l'heure où blanchit la campagne le levé de soleil. Il indique également la durée du voyage, une journée entière. Il renvoie encore au vers précédent puisque le soir qui tombe apporte la nuit. [...]
[...] Cette solitude rappelle les conditions, celle du poète isolé, abandonné, étranger au monde des hommes et en liens avec la nature, et celle du père aimant, seul car ayant perdu son enfant. L'utilisation ici de par pour signifier à travers illustre l'idée d'obstacles à franchir. La répétition de la structure j'irai par la marque un martellement et montre la volonté considérable du père de les surmonté. On note également par la répétition l'omniprésence du je qui associé au sanglot, à la plainte, confère au poème sa tonalité élégiaque. [...]
[...] Le poète est sourd et aveugle au monde qui l'entoure. L'utilisation du terme dehors alors que le voyage se fait naturellement à l'extérieur induit une opposition avec un univers intérieur, celui du poète, ses pensées Le bruit quant à lui apparait ici dépréciatif et le silence que permet son absence, presque religieux. La répétition de sans insiste également sur le motif de l'absence, de la perte qui bouleverse le poète. Une répétition qui favorise par allitération l'association des deux sans avec seul en début de vers, qui renvoie au même motif. [...]
[...] La construction est ici une fois de plus mise au service du sens. On note en effet une logique dans la disposition des termes de part et d'autre de l'hémistiche : seul et inconnu deux adjectifs qualifiant le père et le dos courbé les mains croisées évoquant sa posture. Le terme inconnu fait penser qu'il s'agit plus ici du père commun que du poète célébré par tous. Le dos est courbé par le poids de la tristesse mais renvoie également à l'attitude religieuse du priant. [...]
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