Surtout réputé pour ses grands romans (Les Misérables, Notre-Dame de Paris), son théâtre (Hernani, Ruy Blas) et sa poésie romantique (Les Contemplations) ; Hugo est aussi un polémiste efficace qui sait mettre son art au service de causes qui lui sont chères (le travail des enfants, la peine de mort). Avec Châtiments, Hugo livre bataille à Napoléon III depuis l'ile de Jersey où il se trouve alors en exil par protestation à l'égard d'un homme qui a usurpé le pouvoir, s'est fait proclamé empereur suite à un coup d'État (le 2 Décembre 1851) qui piétine les valeurs républicaines et méprise le peuple (...)
[...] Cet exil à Jersey (1852/1855) se prolongera du côté de Guernesey jusqu'en 1870 et l'effondrement du régime de Napoléon le petit Ce détail souligne toute la combativité d'un Hugo capable de rester hors de sa patrie pendant 18 années par haine du despotisme. Aussi, Les châtiments se ressentent de toute cette hargne et cette énergie satirique. Le recueil est subdivisé en 7 livres encadrés par les poèmes Nox (Nuit) et Lux (Lumière). Ces livres reprennent avec une ironie dévastatrice les points du programme politique de l'usurpateur . [...]
[...] _ La dimension religieuse, mystique. Enfin, ce combat semble légitimé par Dieu ou même attendu par Dieu. La pureté qui est associée aux abeilles chastes est une pureté biblique à travers la mention du lys du coteau qui est une référence explicite à un passage du Cantique des Cantiques qui dit Je suis la rose de Saron, le lys de la vallée Du reste, la rose est une fleur riche de symbolisme dans la culture chrétienne (soit la coupe qui recueille le sang du Christ, soit la transfiguration des gouttes de ce sang, soit le symbole des plaies Christ) or il se trouve que Hugo en parle : sur la bouche ouverte des roses On assiste à une sacralisation des abeilles, lesquelles sont une armée divine combattant contre un démon. [...]
[...] pour mieux en révéler l'ignominie et l'hypocrisie. Le poème Le manteau impérial appartient au livre V intitulé L'autorité est sacrée et se constitue de 6 sizains d'octosyllabes. Le titre est une évocation du manteau du grand Napoléon Bonaparte, oncle prestigieux dont l'auguste vêtement ne convient pas à son neveu le grotesque Napoléon III. Ce texte est l'occasion d'un double discours. Le premier est épique, explicitement adressé aux abeilles qui parent le manteau impérial. Le second est celui du poète à l'égard de lui-même. [...]
[...] Sur ce plan, l'expression est donc du registre lyrique puisque Hugo se sert de ses émotions fortes et personnelles pour dynamiser son texte. B. Un discours organisé sur une antithèse : la dimension épique L'exhortation au combat se double d'une description valorisante des abeilles à laquelle s'oppose frontalement sur tous les plans les évocations péjoratives de l'ennemi. _ Les abeilles : une succession de mise en valeur d'une communauté qui symbolise la vie gracieuse, vertueuse, emprunte du Beau et du Bien. [...]
[...] A partir d'un symbole somme toute traditionnel (les abeilles), Hugo parvient tout à la fois à exprimer sa haine pour le tyran, sa foi dans le verbe poétique et son espoir de réveiller le peuple et de le voir un jour renverser l'usurpateur. C'est également une confession sur certains aspects de la personnalité de l'homme Hugo : l'orgueil du poète à l'égard de sa langue, son admiration pour le grand Napoléon (dont le manteau est sacré) et ses grandes influences culturelles (l'Antiquité grecque, la Bible). [...]
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