« Chanson », poème écrit en septembre 1853, fait partie des poésies engagées de ce recueil. Dans celui-ci, Hugo dresse en parallèle deux portraits : celui de Napoléon Ier qu'il veut élogieux car il nourrit pour lui une admiration sans borne, et celui de son neveu Napoléon III.
En dévoilant son enthousiasme pour la figure emblématique qu'a été l'Aigle, le poète met en lumière d'une manière plus flagrante encore les défauts de Charles Louis Napoléon Bonaparte, indigne successeur du grand Empereur français (...)
[...] Par ailleurs, ce petit, petit s'oppose à la grandeur (vers reconnue à Napoléon Ier. Les Il désignent l'aïeul, et placés très souvent en début de vers, ils insistent sur ce qu'il a su faire contrairement à son neveu : Il entra sur le Pont d'Arcole (vers 13). Ce il discrédite définitivement Napoléon III quand le toi le désignant est placé est début de vers à la fin de la poésie : Il y plongea (vers 37) mais Toi tu noieras (vers 39). [...]
[...] Ce succès est directement lié à l'armée et à ses conquêtes, comme le lecteur peut le constater au travers du champs lexical de la guerre : un affût (vers loi guerrière (vers bataille (vers mais aussi mitraille (vers 11). Hugo désigne Napoléon Ier comme un homme tout puissant. En témoignent les termes Le Dieu ou archange glanés dans le poème. Pour lui, la grandeur de l'Empereur lui conférait un aspect presque divin. Aussi lui attribue-t-il la foudre comme arme au vers 27. Le lecteur cultivé ne peut ici s'empêcher d'établir un lien entre le général corse et Zeus, dieu de la mythologie grecque. [...]
[...] Français Texte : Victor Hugo, Chanson Châtiments (VII, Sa grandeur éblouit l'histoire. Quinze ans, il fut Le dieu que traînait la victoire Sur un affût ; L'Europe sous sa loi guerrière Se débattit. - Toi, son singe, marche derrière, Petit, petit. Napoléon dans la bataille, Grave et serein, Guidait à travers la mitraille L'aigle d'airain. Il entra sur le pont d'Arcole, Il en sortit. - Voici de l'or, viens, pille et vole, Petit, petit. Berlin, Vienne, étaient ses maîtresses ; Il les forçait, Leste, et prenant les forteresses Par le corset ; Il triompha de cent bastilles Qu'il investit. [...]
[...] En effet, il ne se souvient que de la légende dorée de Napoléon Ier et omet volontairement toutes les parts d'ombre du personnage. De même, aveuglé par le mépris que lui inspire son neveu, il se refuse à lui concéder une quelconque qualité. La poésie, malgré ses contraintes évidentes, permet donc de prendre position et de s'engager de façon virulente comme le fait ici Hugo. Les figures de style et autres procédés poétiques semblent même être au service de la critique hugolienne en produisant sur le lecteur des effets allant au- delà des mots et martèlent l'argumentation pour la rendre plus convaincante encore. [...]
[...] Le champ lexical de l'abîme avec profonde et gouffre respectivement aux vers 35 et 36 prouvent que même sa chute revêt une dimension magistrale. En effet, l'Empereur tombe de si haut qu'il ne peut que plonger dans des profondeurs abyssales Seconde et dernière partie : La décadence française sous le second Empire Sous Napoléon III, le prestige français n'est plus le même. Alors que grâce à ses offensives Napoléon Ier avait réussi à conquérir des villes aussi importantes que Berlin ou Viennes, ses maîtresses (vers son successeur ne peut prétendre qu'à disposer de filles (vers 23). [...]
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