Commentaire composé du poème de Baudelaire "L'Horloge" (LXXXV) tiré du recueil Les Fleurs du Mal.
[...] On y retrouve tous les thèmes dominants : - Celui du Temps dévorateur et despotique : avide qui gagne . à tout coup - Celui de la personnification : joueur - Celui de l'antithèse : jour / nuit ; décroît / augmente Or cette opposition est renforcée par le chiasme fondé sur des oppositions horizontales et des complémentarités croisées. C'est une façon de souligner le passage du plein au vide. [...]
[...] Le Temps cherche à lui faire prendre conscience du prix à accorder au temps, en raison de sa fulgurance. L'apostrophe au poète conduit à une dislocation du rythme de l'alexandrin (dont la césure à l'hémistiche n'est pas respectée). On retrouve la même connotation funèbre dans la 2eme apostrophe au poète, au dernier vers : Vieux lâche Ce refus de la prise de conscience de l'écoulement du temps est considéré par le Temps comme de la lâcheté. On constate une absence d'indulgence du poète à l'égard de lui-même et une volonté d'être lucide. [...]
[...] L'enjambement au vers 3 souligne la durée et l'intensité de la souffrance ainsi que l'emploi du pluriel Douleurs et l'allitération en r v.15 : Les minutes . sont des gangues / qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or : on comprend que l'appel au souvenir est aussi une invitation à profiter du temps qui passe de façon fulgurante. v.9 : trois mille six cent fois par heure permet aussi d'exprimer de façon concrète le caractère impitoyable du Temps : présence de monosyllabes qui donnent au vers un rythme saccadé, traduisant le martèlement du temps et son caractère obsédant. [...]
[...] Etude de l'horloge poème en vers des Fleurs du Mal de Baudelaire Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit: Souviens-toi ! Les vibrantes Douleurs dans ton cœur plein d'effroi Se planteront bientôt comme dans une cible ; 5 Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse ; Chaque instant te dévore un morceau du délice À chaque homme accordé pour toute sa saison. Trois mille six cents fois par heure, la Seconde 10 Chuchote : Souviens-toi ! [...]
[...] (Mon gosier de métal parle toutes les langues.) 15 Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or ! Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi. Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi ! 20 Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide. Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard, Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge, Où le Repentir même (oh ! la dernière auberge Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! [...]
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